Des déclarations qu’aurait faites l’ancien porte-parole du Parlement arménien Artur Baghdasarian dans une conversation secrète avec un diplomate anglais, constituent de la haute trahison, selon les propos, tenus vendredi, par le Président Robert Kotcharian.
Ce fut la première réaction publique de Kotcharian à la publication, par un journal pro-présidentiel, des détails de la récente rencontre privée, qui a été enregistrée, entre Baghdasarian et le numéro 2 de l’ambassade britannique en Arménie. Le meneur du parti de l’opposition Orinats Yerkir a incité l’Union européenne à critiquer la manipulation exercée par les autorités arméniennes sur prochaines élections législatives.
« Il est dur d’imaginer qu’un ancien président de l’Assemblée nationale puisse tomber aussi bas », a dit Kotcharian aux étudiants de l’Université d’Etat d’Erevan. « Pour moi, c’est une réelle manifestation de trahison ».
Kotcharian a cependant été clair sur le fait que Baghdasarian ne sera pas poursuivi sur la base d’un article relevant du code criminel arménien. « Nous avons reçu des centaines de coups de téléphone, des commentaires variés sur la manière dont un politique doit prendre part à ces élections », a-t-il dit. « Mais je ne pense pas qu’il serait bon pour les hommes politiques d’engager des actions fermes ». « Les élections arrivent, et chaque électeur est libre de choisir si oui ou non le patriotisme et la dignité importent pour eux. Si ce n’est pas le cas, laissons-les voter pour le parti de Baghdasarian ».
Baghdasarian soutenait Kotcharian et était considéré comme d’un de ses successeurs, jusqu’à ce qu’Orinats Yerkir soit forcé de quitter la coalition du gouvernement il y a un an. Ce parti est maintenant l’un des candidats important de l’élection prévue le 12 mai.
L’ambassade britannique a reconnu jeudi que l’un de ses diplomates avait rencontré Baghdasarian dans un restaurant d’Erevan en février dernier mais a condamné l’enregistrement, à leur insu, de leur conversation, révélée par le journal « Golos Armenii ». Le journal, qui est clairement supporteur de Kotcharian, en a publié des extraits entre samedi et jeudi. Il y est dit que les Etats-Unis émettraient « un signal d’alarme » avant le 12 mai.
Baghdasarian a rapidement contesté les accusations de Kotcharian. « Je considère cela condamnable et inacceptable », a-t-il dit aux journalistes durant un séjour de campagne dans la ville d’Etchmiadzin. « Les traitres sont ceux qui manipulent les élections et déshonorent la patrie ».
S’exprimant sur RFE/RL plus tôt vendredi, Baghdasarian s’est de nouveau insurgé contre les rapports publiés dans « Golos Armenii ». « C’est non seulement une violation de la Constitution et des lois, mais également de la morale », a-t-il déclaré. « Le pire est que le contenu de cette conversation a été déformé et que des commentaires dégradants ont été ajouté ». « Je dis et je répète que les prochaines élections arméniennes doivent être conformes aux normes internationales et que la communauté internationale, envers qui l’Arménie a des obligations à tenir, doit suivre de près cette élection », a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, Kotcharian était soucieux de dissiper les soupçons selon lesquels l’enregistrement a été fait par le Service National de Sécurité (NSS), ce qui est illégal. « Après avoir lu le premier rapport, j’ai immédiatement demandé au NSS de contacter le journal et d’examiner les circonstances de cet enregistrement », a-t-il dit aux étudiants.
« Malheureusement, ce qui a été rapporté correspond pleinement à la réalité », a dit le Président.
Kotcharian a souligné le fait qu’un autre meneur de l’opposition, Aram Karapetian, a dit qu’il possédait une copie de cet enregistrement, avant que des extraits ne soient publiés par le « Golos Armenii ». Karapetian a été convoqué par le NSS jeudi pour fournir des explications. Il a prétendu que l’ancien KGB a enregistré lui-même la conversation et a délibérément installé un compact disc contenant le document audio devant la porte de son bureau pour lui faire porter le chapeau.
Le quotidien pro-opposition « Haykakan Zhamanak » a publié jeudi d’autres détails sur la rencontre entre Baghdasarian et le diplomate britannique, identifié comme étant Richard Hyde. Ces détails, qui n’ont pas été rapportés par « Golos Armenii », rapportent que Baghdasarian aurait détaillé les irrégularités de vote organisées et commises par le Parti républicain au pouvoir.
Selon le « Haykakan Zhamanak », le leader d’Orinats Yerkir a dit que les élections peuvent déjà être considérées comme étant falsifiées.
