Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi que le candidat de son parti à la présidence de l’Etat sera annoncé la semaine prochaine.
« J’annoncerai le nom du candidat le jour où le groupe parlementaire de mon parti tiendra sa réunion le 24 ou le 25 avril », a déclaré M. Erdogan à la presse à l’issue d’une réunion avec le comité exécutif de son parti, le Parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste).
M. Erdogan n’a pas précisé s’il sera lui-même candidat, une perspective suscitant une vive opposition des milieux laïques qui craignent une islamisation du pays.
L’AKP tient habituellement ses réunions le mardi ce qui suppose que l’annonce du candidat sera faite le 24 avril.
La date limite du dépôt des candidatures est le 25 avril.
Le Premier ministre s’exprimait à l’issue d’une réunion du comité exécutif de l’AKP ayant duré huit heures, au cours de laquelle son parti lui a conféré la pleine autorité pour décider qui serait son candidat à la prochaine élection présidentielle, un scrutin que l’AKP est assuré de gagner.
La direction de l’AKP a donné à M. Erdogan « pleine autorité pour finaliser le processus » et les consultations avec la société civile se poursuivront jusqu’au dernier jour d’enregistrement » des candidats, a annoncé plus tôt mercredi Edibe Sozen, vice-présidente de l’AKP.
Mardi, M. Erdogan s’était entretenu de son éventuelle candidature avec les chefs des deux petits partis de centre-droit représentés au Parlement.
Après cette rencontre, Mehmet Agar, chef du parti de la Juste voie (DYP), avait indiqué au journal Sabah qu’il avait « l’impression qu’il ne se présenterait pas ».
La présidente de la puissante association patronale Tüsiad, Arzuhan Dogan Yalçindag, a affirmé être du même avis.
M. Erdogan refuse toutefois de rencontrer Deniz Baykal, leader du principal parti d’opposition (CHP, social-démocrate) à l’Assemblée nationale qui élira le futur président d’ici la mi-mai, et très hostile à son éventuelle candidature. Si le Premier ministre se présente, il devrait être élu sans difficulté, l’AKP disposant au Parlement d’une confortable majorité de 353 sièges sur 550.
Le chef de l’Etat est élu pour un mandat unique de sept ans. Il occupe une fonction largement honorifique, hormis la promulgation des lois et des nominations à des postes clés de l’administration.
Les milieux laïques craignent qu’une fois élu, M. Erdogan, un ancien islamiste âgé de 53 ans, n’use de ces pouvoirs pour islamiser le pays.
La semaine dernière, le président Ahmet Necdet Sezer, président sortant et laïc convaincu, a affirmé que la menace islamiste en Turquie n’avait jamais été aussi grande, un avertissement à peine voilé visant M. Erdogan.
Sur ce point, le Premier ministre a haussé le ton mardi, rejetant les critiques le présentant comme une menace pour la laïcité. Il s’en est pris aux participants d’une manifestation géante du camp pro-laïc samedi dernier à Ankara, qu’il a qualifiés de « troupes transportées ».
Près de 500.000 manifestants avaient défilé pour dissuader M. Erdogan de présenter sa candidature. « Nous ne voulons pas d’un imam comme président », ont-ils notamment scandé.
M. Erdogan a minimisé la portée de ce rassemblement, pourtant un des plus important de l’histoire du pays, et jugé exagérées les évaluations du nombre de manifestants, estimées par certains à un million.
