Présidentielle turque: début du processus électoral avec le dépôt des candidatures

Se Propager

Le processus d’élection du prochain président turc a officiellement commencé lundi avec le début du dépôt des candidatures mais le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, bête noire des milieux laïques qui craignent une islamisation du pays, n’a pas encore dit s’il se présenterait.

Les candidats auront jusqu’au 25 avril à minuit pour être candidat aux élections qui se dérouleront en avril et mai.

Le président, qui a des fonctions honorifiques, est élu pour un mandat unique de sept ans par les 550 membres du Parlement, où le parti de la Justice et du Développement (AKP, issue de la mouvance islamiste) de M. Erdogan détient 354 députés.

M. Erdogan, actuellement en visite en Allemagne, part favori mais il n’a pas encore fait connaître sa décision. Selon les médias, il pourrait éventuellement attendre jusqu’à la fin du délai prévu.

M. Erdogan a fait ses classes politiques au sein de la mouvance islamiste, mais se définit aujourd’hui comme un « démocrate conservateur », une conversion qui n’a pas convaincu les milieux laïques, qui craignent qu’une fois président, il lui soit plus facile d’islamiser le pays.

Une manifestation géante et sans précédent avec la participation de quelque 500.000 personnes s’est déroulée samedi à Ankara pour dénoncer ses prétendues ambitions présidentielles et marquer l’attachement au régime laïque.

Car à mesure que l’élection présidentielle approche, les milieux laïques turcs multiplient démonstrations de force et pressions pour dissuader le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qu’ils accusent de vouloir islamiser le pays, de se présenter.

Pour les partisans d’une Turquie laïque, l’enjeu est pressant: le président de la République est élu pour un mandat unique de sept ans par l’Assemblée, où M. Erdogan dispose d’une confortable majorité de 353 sièges sur 550.

Le seul moyen d’empêcher l’accession à la présidence du Premier ministre semble donc de le décourager de se porter candidat.

La montée en puissance a débuté jeudi avec une mise en garde polie du chef d’état-major, le général Yasar Büyükanit, qui a souhaité que le prochain président soit loyal aux valeurs républicaines, dont la laïcité, « dans la pratique et non pas seulement en paroles ».

Le ton s’est durci le lendemain avec le président sortant Ahmet Necdet Sezer, un farouche défenseur de la laïcité, qui a affirmé que « l’actuel régime politique turc » faisait face à « une menace sans précédent », constituée notamment par l’infiltration d’islamistes dans les administrations.

Mais c’est samedi que la protestation anti-Erdogan a atteint son point d’orgue, avec plus de 300.000 manifestants à l’appel d’ONG pour affirmer dans un lieu hautement symbolique, le Mausolée du fondateur de la Turquie moderne Mustafa Kemal Atatürk, leur rejet du Premier ministre.

Le message a-t-il porté? La presse restait dubitative dimanche, même si elle qualifiait en général la manifestation d’historique.

« Le réveil national – Le plus grand meeting de l’histoire de la République a eu lieu à Ankara », titrait en « Une » le quotidien Cumhuriyet, proche des milieux pro-laïques.

Mais en pages intérieures, l’éditorialiste Cüneyt Arcayürek restait circonspect: « Ce dernier meeting, les derniers avertissements de notre président (Sezer) seront-ils suffisants (…)? Nous verrons. »

Pour Enis Berberoglu, du quotidien à grand tirage Hürriyet, les pressions pourraient s’avérer contreproductives: « Il n’est pas facile pour Tayyip Erdogan après (la manifestation) de renoncer (à la présidence). Parce qu’abandonner Cankaya (le quartier où siège la présidence) sera considéré comme une reddition politique ».

« Il est possible qu’Erdogan pense sérieusement que même s’il remporte Cankaya il ne pourra pas y siéger très confortablement », estimait dans le quotidien libéral Radikal Murat Yetkin, évoquant les problèmes que pourrait rencontrer le nouveau président avec l’armée, les juges et la fonction publique en général, largement acquis à la laïcité.

Au cours d’une rencontre avec la communauté turque de Hanovre, en Allemagne, l’intéressé s’est efforcé dimanche de rassurer.

« La Turquie est démocratique, laïque, sociale et un Etat de droit, il faut que je le rappelle ici », a déclaré M. Erdogan, cité par l’agence de presse Anatolie. « Si nous mettons de côté un de ces éléments, nous ne pouvons pas atteindre notre objectif d’un Etat idéal ».

Le Premier ministre s’est également fait philosophe, assurant que « ce qui compte ce n’est pas la fonction ou le rang, tout cela est passager ».

« Je le dis tout le temps: qu’est ce que ça fait que je sois Premier ministre ou président? », s’est-il interrogé.

Le soutien de 110 députés est nécessaire pour se présenter candidat pour un non-député.

Le mandat du président actuel, Ahmet Necdet Sezer, s’achève le 16 mai.

D’ici là, les députés doivent élire le nouveau chef de l’Etat en plusieurs tours de scrutin avec à chaque fois trois jours d’intervalle.

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut