Bruxelles attend les choix de M. Sarkozy sur la Turquie

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Nicolas Sarkozy signera-t-il « le retour de la France en Europe », comme il l’a annoncé au soir de sa victoire, par un veto français à la poursuite des négociations d’adhésion avec la Turquie ? Cette question n’est peut-être pas la plus urgente au regard des discussions en cours pour parvenir à un accord au sommet européen des 21 et 22 juin sur la relance institutionnelle de l’Union européenne – discussions qui devaient dominer la visite du nouveau chef de l’Etat français, mercredi 23 mai, à Bruxelles.

Une semaine après la rencontre du nouveau président avec la chancelière allemande Angela Merkel, le 16 mai, à Berlin, ce déplacement se veut, lui aussi, hautement symbolique. C’est la première fois qu’un chef de l’Etat français se rend, juste après sa prise de fonctions, au siège des institutions européennes. M. Sarkozy devait être accompagné du nouveau ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de son secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet.

« TEST ESSENTIEL »

Ces entretiens devaient permettre à M. Sarkozy de donner à ses interlocuteurs un aperçu de ce que serait sa politique européenne. La Turquie ne figurait pas au premier rang de l’ordre du jour, mais la position qu’adoptera, dans les semaines à venir, le nouveau président sur ce sujet aura pour ses partenaires valeur de signal. Avant même sa prise de fonctions, on estimait, de source diplomatique à Paris, que la décision que prendrait la France sur la poursuite des négociations d’adhésion constituerait « un test essentiel ». Le prochain rendez-vous est le 26 juin, où les Vingt-Sept devront décider à l’unanimité l’ouverture de trois nouveaux chapitres des négociations.

Se saisir de la première occasion pour dire non marquerait une rupture avec la politique dénoncée comme « hypocrite » du gouvernement précédent. Continuer de négocier apparaîtrait comme un premier reniement d’une promesse de campagne. « Je m’opposerai à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne », avait résolument affirmé M. Sarkozy, lors du débat d’entre-deux-tours avec Ségolène Royal, après avoir obtenu ses meilleurs succès de tribune en fondant son refus de l’adhésion d’Ankara sur un prétexte avant tout géographique : « La Turquie est en Asie mineure. »

« AUCUNE POSITION N’A ÉTÉ ARRÊTÉE »

« Aucune position n’a été arrêtée, a expliqué, mardi 22 mai, David Martinon, porte-parole du chef de l’Etat. Le président tient en considération sa position constante sur ce dossier et le souci de traiter les problèmes les uns après les autres. L’urgence, c’est de répondre à la crise institutionnelle et de préparer le Conseil européen dans les meilleures conditions. » Et ce conseiller d’ajouter : « Le président a la même position que le candidat. Il a reçu un mandat clair des Français. »

En d’autres termes, M. Sarkozy n’a renoncé a priori à aucune solution. Mais toute la difficulté pour lui semble de concilier plusieurs engagements de campagne qui se télescopent : la relance institutionnelle après le non français par un « traité simplifié », la proposition d’un « partenariat privilégié » avec la Turquie et la création d’une « union méditerranéenne », au contenu et aux contours encore flous. « Cela va secouer. Un veto français aurait des conséquences en chaîne sur ces trois chantiers. Mais M. Sarkozy doit s’exprimer », explique un ancien responsable de la diplomatie française, pour qui il ne fait pas de doute que « le chef de l’Etat fera ce qu’il a dit ».

Reste à savoir quand et comment. Mais des solutions alternatives sont également à l’étude qui permettraient, selon leurs concepteurs, de n’humilier ni la Turquie ni les pays de l’UE favorables à son adhésion. La première consisterait à convaincre la Commission de reporter à l’automne un nouveau round de négociation avec Ankara, de manière à tenir le rendez-vous du Conseil européen du 21 et 22 juin à l’abri de toute interférence avec un autre débat. Cette solution est notamment préconisée par le député européen Alain Lamassoure, qui estime que l’on peut prendre prétexte de ce que « la Turquie est en crise » pour retarder le processus d’adhésion.

Autre solution : réorienter les négociations avec Ankara vers un nouvel objectif : un partenariat privilégié, comme le souhaite M. Sarkozy, ou un « statut unique », comme l’avait imaginé en son temps Michel Barnier. « Cette hypocrisie, estime l’ancien ministre des affaires étrangères, qui a également conseillé M. Sarkozy pendant sa campagne, n’a que trop duré. C’est en partie cela qui bloque tout rapprochement des Français avec l’Europe. »

Henri de Bresson et Philippe Ridet

LE MONDE

Article paru dans l’édition du 24.05.07

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Author: raffi

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