Vusal Garajaïev doit regretter les prisons arméniennes… Ce soldat azerbaïdjanais, qui avait passé deux semaines dans une prison arménienne en décembre 2006 après avoir été capturé par les forces armées du Haut Karabagh a été condamné à 11 années d’emprisonnement pour haute trahison et désertion par les autorités de son pays, auxquelles il avait été remis en un geste de bonne volonté par les autorités du Karabagh. Vusal Garajayev, qui se serait égaré derrière les lignes arméniennes déployées à l’est du Karabagh, nie être un déserteur. C’est pourtant de son propre chef qu’il aurait franchi les lignes arméniennes et se serait d’ailleurs rendu sans résister aux soldats du Karabagh, selon la version de la capture présentée par Stépanakert, afin d’échapper aux mauvais traitements et autres sévices que lui auraient infligés ses compagnons d’armes azéris. Le 18 décembre dernier, le président du Haut Karabagh Arkady Ghoukassian avait lui-même déclaré que le conscrit azéri âgé de 19 ans redoutait d’être rapatrié en Azerbaïdjan, de crainte des sanctions que ne manqueraient pas de lui infliger les autorités de Bakou. M. Ghoukassian, qui avait souligné alors la dimension humanitaire de cette affaire, s’était dit convaincu que « les autorités azéries allaient exercer des pressions sur ses parents et sa famille, et le pousser à rentrer chez lui », où l’attendrait selon lui une longue peine d’emprisonnement. Les prévisions de M. Ghoukassian se sont vérifiées, malgré l’intervention du Comité International de la Croix rouge (CICR), par l’entremise duquel le jeune prisonnier azéri a été remis fin décembre aux autorités de Bakou. A peine arrivé sur le sol azéri, V Garajaïev a été incarcéré et soumis à une procédure judiciaire visant à le présenter comme un déserteur, en dépit des déclarations initiales du ministère azéri de la défense selon lesquelles il aurait accidentellement traversé les lignes arméniennes pour se retrouver en territoire contrôlé par les Arméniens. Il est aujourd’hui accusé de haute trahison, désertion et violation des règlements de l’armée. Au lendemain même de la remise de V. Garajaïev aux autorités de Bakou, un autre soldat azéri, Samir Mamedov, était capturé dans des circonstances apparemment similaires dans la partie la plus occidentale de la frontière arméno-azérie. Le ministère arménien de la défense a indiqué que le soldat azéri avait franchi la frontière fortement militarisée entre les deux pays et s’était rendu aux soldats arméniens en faisant état des mauvais traitements dont il serait victime dans l’armée azérie. M. Mamedov est actuellement détenu en Arménie et ne semble guère désireux de retourner dans son pays, la mésaventure de son camarade d’infortune ne devant pas l’encourager dans ce sens. De source officielle arménienne, confirmée par le CICR, il souhaiterait obtenir l’asile politique dans un pays européen. Mais les autorités de Bakou sauront peut-être trouver les arguments pour le faire revenir en Azerbaïdjan, malgré la lourde sanction qui l’y attend…
