Nicolas Sarkozy élu, et c’est toute la Turquie qui tremble. Au lendemain de l’annonce des résultats, la classe politique et les médias turcs se sont montrés inquiets à propos de leur avenir européen. Tout en félicitant le vainqueur, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a souhaité que M. Sarkozy change de discours à l’égard de la Turquie. « Sur le processus [d’adhésion] à l’Union européenne ou sur les relations franco-turques, nous souhaitons ne plus entendre le même genre de déclarations que celles faites durant la campagne électorale », a-t-il expliqué.
A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy a affirmé son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’espace européen, alors que les négociations pour son adhésion ont commencé en octobre 2005. La France, qui possède un droit de veto sur le sujet, pourrait l’utiliser sous la présidence de M. Sarkozy, selon lequel une adhésion turque serait « dangereuse pour l’équilibre du monde ». A cette fin, il a opté pour l’option du partenariat privilégié.
PESSIMISME
Selon M. Erdogan, les conséquence de l’élection française apparaîtront « plus tard, dans la pratique ». S’il relève volontiers « un certain opportunisme » chez Nicolas Sarkozy, il estime qu' »une fois élus, les hommes politiques agissent en hommes d’Etat et non plus de façon personnelle ». Certains commentateurs turcs sont bien plus pessimistes que leur dirigeant. Cengiz Aktar, directeur du centre de recherches sur l’UE à l’université de Bahçesehir, estime pour sa part que même si « les négociations font semblant de continuer, le processus risque de s’arrêter » et que Nicolas Sarkozy « va probablement fixer le dernier clou sur le cercueil des relations entre la Turquie et l’UE ».
LEMONDE.FR avec AFP | 07.05.07 | 13h07