Le lieutenant général Seyran Ohanian, commandant de l’armée du Haut Karabagh, a confirmé le 2 mai les informations selon lesquelles il devrait être nommé chef d’état major des forces armées d’Arménie. Lors d’une conférence de presse à Stépanakert, il a annoncé avoir accepté l’offre de Erevan de prendre le commandement des forces armées d’Arménie, un poste vacant depuis que l’ancien chef d’état major, le colonel-général Mikael Haroutounian, a été nommé ministre de la défense le 24 avril dernier par le président arménien Robert Kotcharian, en remplacement de Serge Sarksian, qui remplaçait lui-même le premier ministre Hrant Markarian, terrassé par une crise cardiaque. Le nouveau ministre de la défense arménien a été par ailleurs officiellement démis de ses obligations militaires, ce qui laisse à penser que c’est en qualité de civil qu’il occupera son poste dans le nouveau gouvernement qui doit être formé au lendemain des législatives du 12 mai.
Par une curieuse coïncidence, le général Haroutounian s’était rendu la semaine dernière à Stépanakert où il avait rencontré le président du Karabag A.Ghoukassian ainsi que le général Ohanian. Ce dernier n’a pas précisé quand il devait prendre ses fonctions à Erevan, un décret en ce sens n’ayant apparemment pas encore été signé par le président Kotcharian, qui devrait attendre pour cela la tenue des législatives. Le général Ohanian, âgé de 44 ans, est un militaire de carrière qui a servi dans l’armée soviétique avant de rallier les rangs de la toute jeune armée du Haut Karabagh dans laquelle il s’est illustré lors des batailles l’opposant aux Azéris de 1991 à 1994. Il est devenu chef d’état-major en février 1993, cinq mois seulement après avoir été gravement blessé lors d’une bataille qui lui a valu d’être amputé d’une jambe. Le Haut Karabagh était à l’époque dirigé par Robert Kotcharian et son fidèle compagnon de route Serge Sarksian, qui passe pour être son dauphin pour les présidentielles de 2008 en Arménie. C’est dire que le futur chef d’état-major des forces armées d’Arménie, qui assume le commandement de l’armée du Haut Karabagh depuis 1999, connaît bien les deux hommes forts d’Arménie, natifs comme lui du Karabagh. Une connivence qui risque d’alimenter les critiques à l’encontre du pouvoir politique d’Arménie, auquel l’opinion arménienne reproche souvent d’être aux mains d’un « clan » du Karabagh…
