L’AKP risque de pâtir électoralement de la crise en Turquie

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Il est peu probable que l’armée turque cherche à faire chuter le gouvernement turc, dominé par l’AKP, pour éviter que son candidat soit élu président, mais, en revanche, la colère de la population pourrait bien causer du tort à cette formation, issue de la mouvance islamiste, aux législatives de novembre.

L’AKP traverse sa plus grosse crise politique depuis son arrivée au pouvoir en 2002. L’armée a menacé d’intervenir dans le processus d’élection du président par les parlementaires, et dimanche, pas loin d’un million de personnes sont descendues dans les rues manifester contre le gouvernement.

La puissante armée turque, qui traditionnellement est la garante de la laïcité, est intervenue à quatre reprises depuis 1960. En 1997, elle a contribué à la chute d’un gouvernement qu’elle jugeait trop islamiste. Le candidat de l’AKP à la présidence, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, sait lui-même fort bien ce dont est capable l’armée, puisqu’il était membre du gouvernement en 1997.

« Je ne pense pas que (les militaires) peuvent faire ça (renverser le gouvernement). Cette période-là est révolue, mais cela ne signifie pas qu’ils ne le feront pas », a estimé Semih Idiz, éditorialiste de longue date du quotidien Milliyet.

Bon nombre de laïcs craignent qu’en cas d’élection de Gül, l’AKP s’attaquera au dogme de la séparation de la religion et de l’Etat hérité d’Atatürk, fondateur de la Turquie moderne.

« Beaucoup d’entre nous en avons marre de ce gouvernement parce qu’il ne veut pas tenir compte de l’importance de la laïcité dans la vie des gens. L’AKP a fait de bonnes réformes économiques mais il ne fait pas preuve de conciliation et cela parce que ses membres sont islamistes de coeur », expliquait dimanche un étudiant, Emre Alpev, lors d’une manifestation.

Sous la conduite du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, la Turquie a réalisé des progrès importants, obtenant l’ouverture de négociations sur son adhésion à l’Union européenne et enregistrant une forte croissance économique après des années d’affaiblissement politique et d’instabilité économique chronique.

Mais pour ses détracteurs, Erdogan n’a pas su résoudre une équation majeure – comment apaiser les craintes du camp laïque tout en satisfaisant ses partisans, qui souhaitent voir l’islam jouer un plus grand rôle dans leur vie.

« LA COLÈRE BOUT »

Pour Idiz, les manifestations de dimanche montrent que l’AKP a perdu le contact avec certaines franges de la population. Il doit revoir sa copie et fournir la preuve qu’il accepte la laïcité et ne se mêlera pas de religion, cela même si le gouvernement a répété qu’il est en faveur de la laïcité.

Le gouvernement attend désormais l’arrêt de la Cour constitutionnelle, qui dira si elle annule ou non le premier tour de la présidentielle au parlement, après une plainte déposée par l’opposition laïque.

Si la cour se prononce en faveur de l’opposition, le gouvernement devra organiser des législatives anticipées. Si elle penche en faveur de l’AKP, le processus électoral à plusieurs tours pourra continuer.

Contrairement à 1997, quand l’armée, fortement soutenue par une partie de la population, avait fait pression sur le gouvernement pour qu’il démissionne, il semble aujourd’hui que les Turcs n’ont guère envie de voir se reproduire ce genre de coup de force déguisé.

Certains manifestants saluaient dimanche les menaces d’intervention de l’armée, mais d’autres, montrant que la démocratie turque avait mûri en une décennie, souhaitaient qu’elle ne passe pas à l’acte.

L’AKP demeure le parti préféré des Turcs mais, pour les observateurs politiques, il doit jouer fin avec cette élection présidentielle, de manière à ne pas entamer son capital électoral lors des législatives de novembre.

« Si l’AKP continue avec le même état d’esprit, ce ne sont pas les forces armées qui mèneront un coup de force en Turquie cette fois-ci, ce sont les forces pacifiques qui le feront dans l’urne », écrit l’éditorialiste Tufan Turenc, du grand quotidien Hurriyet.

« Ce sont elles qui sauveront la république laïque et démocratique parce que l’AKP doit comprend que la colère bout parmi la population », continue-t-il.

raffi
Author: raffi

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