La Russie a maintenu la pression samedi sur les Etats-Unis, appelant Washington à « geler » son projet de bouclier antimissile en Europe le temps que soit examinée une proposition alternative russe et mettant en garde contre des « complications » dans la crise nucléaire iranienne.
« Il faut geler le déploiement du système antimissile en Europe pendant la période d’examen, d’analyse et de négociations (russo-américaines, ndlr) sur cette question », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, cité par les agences de presse russes.
Jeudi, le président russe Vladimir Poutine avait créé la surprise lors du sommet du G8 en Allemagne en proposant aux Etats-Unis l’utilisation en commun d’une station radar en Azerbaïdjan comme solution de rechange au projet de Washington de déployer des éléments de son bouclier en Pologne et en République tchèque.
Le président George W. Bush s’est bien gardé vendredi, lors d’une visite en Pologne, de répondre à la proposition de Vladimir Poutine.
De son côté, Moscou fonce pour que son initiative ne tombe pas à l’eau.
Les présidents russe et américain « se sont mis d’accord pour que le problème de défense antimissile soit élaboré au niveau des experts » avant leur rencontre en tête-à-tête aux Etats-Unis les 1er et 2 juillet, a dit M. Lavrov.
« Il faudra s’occuper de cette question rapidement. Elle sera sans aucun doute au centre du sommet » russo-américain, a-t-il ajouté.
La proposition russe « rend inutile » le projet de Washington de déployer le bouclier en Europe, a répété le chef de la diplomatie russe.
Le premier vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov a de son côté estimé que la proposition russe était « la plus efficace de point de vue du contrôle sur le lancement de tout type de missile, intercontinentaux et de croisière, depuis le sud », en référence à l’Iran.
La Russie possède la station radar de Gabala, en Azerbaïdjan, voisin de l’Iran.
Comme l’administration américaine, le secrétaire général de l’Otan Jaap de Hoop Scheffer a estimé vendredi qu’il était « un peu tôt » pour juger de la portée de la proposition russe.
« Il est un peu tôt » pour dire si un radar azerbaïdjanais « pourrait assumer ce rôle et répondre à la menace ». « Je crois qu’il est situé un peu près des +Etats voyous+ que nous avons à l’esprit », a-t-il ajouté dans une allusion à l’Iran.
Parlant de l’Iran, M. Lavrov a par ailleurs estimé que le bouclier américain pouvait « sérieusement compliquer les efforts » en vue d’un règlement de la crise nucléaire.
« Un travail minutieux et ininterrompu (sur le nucléaire iranien, ndlr) est mené dans le cadre de l’ONU et de l’AIEA » (Agence internationale de l’Energie atomique, ndlr), a-t-il dit.
« Nous voudrions qu’il se termine par un éclaircissement sur tous les aspects » du programme iranien, a-t-il ajouté.
« Le déploiement d’une défense antimissile en Europe peut sérieusement compliquer ces efforts (de médiation, ndlr), mettre en cause le désir de l’Iran de coopérer ouvertement », a-t-il mis en garde.
Les Etats-Unis assurent que leur projet de bouclier antimissile n’est pas dirigé contre la Russie. De son côté, Moscou voit d’un mauvais oeil l’installation de nouvelles infrastructures militaires sur le territoire d’anciens satellites de l’URSS.
La polémique avait pris des accents de guerre froide avant le sommet du G8, le président russe ayant menacé de pointer de nouveaux missiles russes vers l’Europe pour faire face au bouclier américain.
