A la veille du scrutin, les instituts de sondage concordent: sauf crise majeure, vague d’attentats, scandale ou escalade militaire à la frontière irakienne, L’AKP, le Parti de la Justice et du Développement du Premier ministre Tayyip Erdogan, devrait remporter les législatives du 22 juillet et disposer d’une majorité forte, voire absolue, dans la prochaine Assemblée.
Cinq années après son accession aux affaires, cette nouvelle victoire attendue confirme l’implantation de ce parti aux racines islamistes. L’AKP aura donc résisté non seulement à l’usure de l’exercice du pouvoir, mais aussi à la vive mobilisation du camp laïque comme à la crispation de l’armée, qui ces derniers mois a tout fait pour le déstabiliser.
Comment s’explique ce tour de force ? Fondé sur les bases du Refah, le parti de l’ex-Premier ministre Necmettin Erbakan, contraint par l’armée à la démission en 1997, L’AKP s’est fait le champion de la démocratie, de la lutte contre la corruption et de l’ouverture à l’Europe. Le blocage institutionnel consécutif à l’impossibilité d’élire le nouveau président de la République semble lui bénéficier. Les enquêtes d’opinion indiquent que l’immense majorité des Turcs approuve la proposition de L’AKP d’une élection présidentielle au suffrage universel. Et son. principe vient d’être adopté par la Cour constitutionnelle.
Malgré l’émergence d’une « nomenklatura islamiste», aucun scandale majeur n’a jusqu’ici éclaboussé le parti au pouvoir, dans un pays où la t corruption a longtemps été endémique.
Enfin, en dépit du ralentissement de la procédure d’adhésion à l’Europe, les milieux d’affaires turcs restent sur une neutralité bienveillante à l’égard de L’AKP, qui demeure à leurs yeux le meilleur garant de la stabilité du pays et de ses 6,8 points de croissance annuelle.
Henri Guirchoun
Le Nouvel Observateur
