Bruxelles salue l’inflexion de M. Sarkozy sur la Turquie

Se Propager

Nicolas Sarkozy cherche à sortir de son isolement en Europe au sujet des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE). Après avoir laissé entendre, au moment de son élection, qu’il pourrait entraver le processus, M. Sarkozy a indiqué que la France ne s’opposerait pas à la poursuite des négociations avec Ankara.

« La France ne s’opposera pas à ce que de nouveaux chapitres de la négociation entre l’Union et la Turquie soient ouverts dans les mois et les années qui viennent, à condition que ces chapitres soient compatibles avec les deux visions possibles de l’avenir de leurs relations : soit l’adhésion, soit une association aussi étroite que possible sans aller jusqu’à l’adhésion », a dit le président de la République, lundi 27 août, lors d’un discours devant des ambassadeurs à l’Elysée.

Il a conditionné son soutien à la poursuite des pourparlers à la création d’un groupe de « sages », chargé de réfléchir à l’avenir de l’UE d’ici à l’horizon 2020-2030.

Ce changement de ton n’est pas passé inaperçu auprès des instances européennes. Depuis l’élection de M. Sarkozy, plusieurs capitales, comme Londres et Rome, l’avaient mis en garde contre un blocage des négociations engagées en octobre 2005 avec Ankara.

La Commission européenne, dont le président José Manuel Barroso plaide lui aussi pour la poursuite du processus au nom du respect des engagements pris, a salué « une contribution importante ». A Bruxelles, certains espèrent désormais l’ouverture de deux à trois nouveaux chapitres d’ici à la fin de l’année.

« Il s’agit d’un discours riche en idées nouvelles », indique Manuel Carvalho, l’un des porte-parole de la présidence portugaise de l’UE ce semestre. Le Portugal, dont le principal objectif est de boucler les discussions sur le nouveau traité institutionnel, a clairement indiqué ces dernières semaines qu’il n’entendait pas lancer un débat sur les frontières de l’Union européenne, en dépit des demandes en ce sens formulées par Paris.

Lundi soir, la présidence portugaise n’était pas non plus en mesure de dire si elle allait proposer de créer le groupe de « sages » désormais réclamé par la France.

CINQ SUJETS EXCLUS DES NÉGOCIATIONS

S’il tente de rassurer les capitales européennes, le président français engage cependant un pas de deux qui risque de compliquer encore des pourparlers partiellement gelés depuis décembre 2006. Les Vingt-Sept avaient alors décidé de ne pas ouvrir les huit chapitres – sur 35 au total – concernant l’Union douanière, puisque la Turquie ne reconnaît toujours pas Chypre.

La France, a précisé M. Sarkozy, lundi, fait la distinction entre les trente chapitres qui ne posent pas de problèmes en vue d’un éventuel partenariat privilégié, et cinq autres, qui présupposent d’être membre de l’UE. « L’idée est de montrer que nous restons opposés à l’adhésion turque, sans chercher à bloquer l’ensemble des négociations », observe un diplomate.

Les cinq sujets sur lesquels M. Sarkozy ne veut pas entendre parler de négociations sont l’agriculture, la politique régionale, la citoyenneté européenne, les institutions, et l’Union monétaire, nous a précisé l’Elysée. « Il n’est pas approprié de parler du nombre de députés turcs au Parlement européen, ou du poids de la Turquie au Conseil, car ces questions présupposent une adhésion à l’Union », explique un diplomate.

L’approche adoptée en juin par la France serait ainsi « systématisée » : Paris avait alors bloqué l’ouverture des pourparlers sur l’Union monétaire, en acceptant d’aborder deux autres chapitres moins sensibles (le contrôle financier et les statistiques). « Le message reste ambigu », constate un expert bruxellois des relations avec la Turquie.

M. Sarkozy, qui privilégie toujours l’option d’un partenariat privilégié avec Ankara, n’a par ailleurs pas réitéré, lundi, son idée d’ancrer la Turquie au sein d’une « Union méditerranéenne » aux contours considérés comme très confus par les partenaires de la France. L’approche du président français sur le dossier turc s’est déployée en plusieurs étapes.

L’annonce de lundi ne pouvait être faite plus tôt, explique-t-on à l’Elysée, « car il fallait d’abord que la question du traité simplifié soit réglée, et que les élections turques soient passées ».

M. Sarkozy avait dépêché, fin mai à Ankara, son conseiller diplomatique Jean-David Lévitte, afin de tenter de réparer une relation bilatérale franco-turque empoisonnée par la question de l’adhésion et par le vote en France d’une loi sur le génocide arménien.

La Turquie avait en effet mis des restrictions au survol de son territoire par des avions militaires français en route pour l’Afghanistan, et elle avait tenu GDF à l’écart du projet de gazoduc Nabucco.

Natalie Nougayrède et Philippe Ricard (à Bruxelles)

LE MONDE

LE MONDE | 28.08.07 | 10h42

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut