Lors d’une conférence de presse avec son homologue géorgien Zurab Nogaïdeli avec lequel il venait d’avoir un entretien à huis clos, le premier ministre turc Recept Tayyip Erdogan a exalté le rôle de la minorité turque des Meskhets en Géorgie, appelée selon lui à « constituer un nouveau pont d’amitié et de coopération » entre la Turquie et la Géorgie. M. Erdogan a souligné que son pays tenait une fois encore à rappeler qu’il soutiendrait tout projet visant au retour des Turcs Meskhets dans leur région d’origine, dont Ankara se dit également prêt à assurer le développement rapide. Etablis dans une région du sud de la Géorgie limitrophe de la Turquie et de l’Arménie, les Turcs Meskhets avaient été déportés en grande partie vers l’Azerbaïdjan et surtout l’Asie centrale sur ordre de Staline pour collusion présumée avec l’Allemagne nazie durant la Deuxième guerre mondiale. A la faveur des réformes lancées par Gorbatchev à partir de 1985, un mouvement s’était constitué parmi les Meskhets en vue de retourner dans leurs foyers. Après l’effondrement de l’URSS et l’accession de la Géorgie à l’indépendance en 1991, ces revendications ont été plus insistantes et le dossier a été sérieusement étudié par les autorités géorgiennes, soucieuses d’entretenir de bonnes relations avec la Turquie voisine. Mais le rapatriement des Meskhets ne s’est fait qu’au compte goutte, d’autant que leur région d’origine jouxte le Djavakhk, où les Arméniens sont majoritaires, quand elle ne le chevauche pas carrément. M. Erdohgan en a profité pour réaffirmer le soutien de la Turquie à l’intégrité territoriale de la Géorgie et à sa stabilité politique, au moment où l’autorité du président géorgien Saakachvili, favorable à l’entrée de son pays dans l’Otan, était menacée par des manifestations de l’opposition auxquelles il devait répondre en instaurant l’état d’urgence le 7 novembre. M. Saakachvili devait lever l’état d’urgence sous la pression des Etats-Unis le 16 novembre, et annoncer d’ailleurs le même jour la démission surprise de M. Nogaïdeli et de son gouvernement, dans un geste visant à apaiser l’opposition à l’approche des élections présidentielles anticipées fixées au 5 janvier. M. Nogaïdeli, qui était encore à la tête du gouvernement géorgien lors de sa rencontre avec M. Erdogan, a affirmé que si la Turquie était favorable à un règlement pacifique des problèmes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, la Géorgie soutenait quant à elle la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme et était prête à faire tout son possible pour l’aider, une allusion évidente au conflit quji oppose une nouvelle fois l’armée turque aux rebelles kurdes du PKK. Il a aussi salué la mise en uvre de la nouvelle ligne ferroviaire devant relier Tbilissi à Kars via Akhalkalak , comme un symbole de la coopération entre la Géorgie, l’Azerbaïdjan et la Turquie, mais aussi comme une « Route de la Soie » moderne reliant la Chine à l’Europe occidentale. M. Nogaïdeli a précisé que ce nouvel axe ferroviaire, dont le chantier serait lancé très prochainement, serait très profitable aux populations des confins turco-géorgiens car il entraînerait un développement rapide du commerce dans la région. Rappelons toutefois que l’Arménie est exclue de ce projet pour cause de blocus exercé par la Turquie et l’Azerbaïdjan, qui a provoqué l’abandon d’une ligne de chemin de fer déjà existante reliant la Turquie à la Géorgie et à l’Azerbaïdjan via Erevan….
