Par Khatchig Mouradian
Armenian Weekly
Samedi 10 novembre 2007
Le 5 novembre, après sa réunion avec le Président Bush, le Premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan a fait un discours au Club de la Presse Nationale à Washington parlant principalement des relations Américano-turques, de la question kurde et de la Résolution sur le Génocide arménien H.Res.106.
Dans son discours, Erdogan a dit : « Il est triste pour nous de voir » l’introduction d’une résolution qui « rend légitime le prétendu génocide arménien ». Il a souligné que la résolution « a le potentiel pour profondément endommager nos relations stratégiques et il est important de s’assurer qu’elle ne sera pas discuté en chambre pleinière au Congrès ».
« En fait, ces allégations arméniennes qui sont constamment tenus à l’ordre du jour dans divers pays n’ont pas été prouvées historiquement ou légalement » a continué Erdogan répétant son appel pour une commission commune d’historens afin d’examiner ce qui est arrivé aux Arméniens en 1915. Quand Erdogan a suggéré l’idée d’ « une commission commune » en 2005, l’Association Internationale des Chercheurs sur les Génocides (IAGS) lui a envoyé une lettre ouverte qui dit : « nous sommes conscients par votre appel à une étude impartiale du Génocide arménien que vous ne devez pas être entièrement conscients de la mesure du nombre de recherches scientifiques et intellectuelles au sujet du Génocide arménien. … Nous voulons souligner que ce ne sont pas juste les Arméniens qui affirment le Génocide Arménien mais c’est l’avis accablant des chercheurs qui étudient les génocides : des centaines de savants indépendants ».
De nouveau, au Club de la Presse Nationale cette semaine, Erdogan a dit qu’il était sûr il n’y a jamais eu de génocide des Arméniens. « Ce qui a eu lieu s’appele une déportation » a-t-il dit. « C’était un temps très difficile. C’était un temps de guerre ». Les arméniens, a-t-il argué , ont été incité par d’autres pays à se rebeller poussant le gouvernement Turc Ottoman « à commencer à expulser les citoyens arméniens vers d’autres parties de l’Empire ».
Pour montrer comment avec attention les déportés arméniens ont été traités, Erdogan-qui n’a fait aucune référence au meurtre d’aucun arménien-en est venu à dire que le gouvernement Ottoman a même fourni aux Arméniens de l’argent. « … Et nous avons des documents dans nos archives qui certifient ce fait » a-t-il dit.
« Il y a toutes sortes d’instructions montrant comment les gens ont été envoyés d’un secteur à un autre, quelle somme devait leur être payé comme argent de poche lors de leur voyage. Ceux qui résistent [à notre thèse] doivent inventer leurs propres documents, mais ils n’ont aucun document qu’ils peuvent montrer » a-t-il déclaré.
Armenian Weekly est entré en contact avec l’historien et sociologue turc Taner Akcam, professeur d’histoire à l’Université du Minnesota et l’auteur de « un Acte Honteux : le Génocide arménien et la question de la responsabilité turque » pour commenter l’allégation d’Erdogan.
« Je n’ai pas vu un document ottoman qui montre que l’on a donné de l’argent aux Arméniens » a dit Akcam. « Il est vrai, en effet, que le gouvernement central a envoyé de l’argent aux autorités régionales pour couvrir les dépenses des déportations. Une part des revenus qui provient du pillage les biens des Arméniens et de leur vente aux enchères a été employée par le gouvernement pour financer les déportations ».
En outre, Akcam a dit « Il y a suffisamment de témoignage que dans les régions orientales d’Anatolie comme Eskishehir, Afyon et Konya, les Arméniens ont été partiellement « transportés » par le train et ont payé leurs propres billets ».