Info Collectif VAN – www.collectifvan.org – Le Collectif VAN vous soumet la traduction de cet article paru en turc dans le journal arménien de Turquie, Agos. Les universitaires turcs osant reconnaître le génocide arménien perpétré par la Turquie en 1915 sont la cible des juges et des procureurs turcs. Taner Akçam fait appel de la décision du parquet d’Istanbul, qui de victime le transforme en accusé. Une méthode d’inversion des rôles, bien connue dans la politique négationniste menée par Ankara depuis des décennies.
Akçam a porté plainte, il est devenu l’accusé’
AGOS
N° 608
23 11 2007
Taner Akçam, professeur d’histoire exerçant actuellement aux USA à l’université du Minnesota, a été déclaré coupable’ par le parquet de Bakirkoy (Nota CVAN : un quartier d’Istanbul) auprès duquel il avait déposé une plainte, étant convaincu qu’il avait été insulté.
Taner Akçam avait déposé plainte contre Emin Colasan pour avoir « injurié, calomnié et obstrué la liberté de pensée ». Dans sa chronique sur Hurriyet, Emin Colasan avait utilisé, à propos d’Akçam, des expressions telles que « il insulte son pays, il a fui son pays il y a des années, il est nourri par les lobbies arméniens ».
Le procureur général a annoncé sa décision le 7 Novembre 2007 et n’a pas donné suite à la plainte d’Akçam. Dans l’explication de cette décision, le Ministère public a parlé de Taner Akçam comme étant l’accusé’ (Nota CVAN : au lieu du plaignant) et a prétendu : « Les critiques faites à l’accusé en tant qu’homme scientifique, ne peuvent donner lieu à condamnation ».
Par l’intermédiaire de son avocat Murat Böbrek, le Prof. Dr. Taner Akçam a fait appel contre la décision du Parquet de Bakırköy. Murat Böbrek a fait appel le 22 novembre auprès de la Cour d’assises d’Eyüp (Nota CVAN : un quartier d’Istanbul) ; dans son appel on trouve les positions suivantes :
« Cette expression (Nota CVAN : le fait de parler d’Akçam comme étant l’accusé) démontre clairement le préjugé caché dans le subconscient du juge et le fait qu’il traite le sujet en dehors du contexte juridique. Aux yeux de Monsieur le juge, l’accusé est malheureusement mon client. La raison pour laquelle mon client en qualité de plaignant’ est considéré comme l’accusé’ aux yeux du procureur, concerne ses travaux connus par l’opinion publique et ses déclarations’. C’est-à-dire Monsieur le procureur est convaincu que, mon client, le suspect’, doit accepter toute sorte d’insultes car en tant qu’homme de science et historien, il ne défend pas les points de vue officiels de l’Etat dans ses recherches et ses uvres. Et il mérite (Nota CVAN : l’expression utilisée ici veut dire permis par la religion’) les paroles comme Traître à la patrie’, homme nourri par les lobbies arméniens’ » !
Murat Böbrek a attiré l’attention sur le fait que le vrai perdant n’est pas Taner Akçam mais l’Etat de droit’. Böbrek a demandé qu’un procès d’intérêt général « pour injure et obstruction à la liberté de pensée » soit ouvert contre Necdet Tatlıcan, responsable et rédacteur en chef de Hurriyet dans lequel les articles d’Emin Çölaşan contre Taner Akçam avaient été publiés.
Traduction S.C. pour le Collectif VAN – 11 décembre 2007 – 08:13 – www.collectifvan.org