La macabre découverte date de quelques semaines. Révélée par l’agence Cihan, on y apprend de la bouche de Mehmet Törehan Serdar, chercheur turc, que ces 300 personnes auraient été massacrés par des « gangs » arméniens.
Lorsque l’on sait que les arméniens du vilayet de Bitlis ont entièrement été éliminés, on est en droit de s’interroger sur la véracité des propos. D’ailleurs, pourquoi ne pas déterminer l’origine ethnique en faisant appel aux tests ADN ?
Auteur du livre « Génocides commis par les Arméniens à Van, Bitlis, Mush et Kars » (1995), monsieur Serdar ferait bien d’élargir son champ d’investigation en lisant, ci-dessous, les notes de l’éminent historien Arnold J. Toynbee, qui lui est un contemporain du Génocide de 1915 :
«Une nouvelle incroyable nous arrive au sujet des massacres de Bitlis. Dans un seul village, 1000 Arméniens, hommes, femmes et enfants, ont été entassés dans une maison en bois, et les Turcs y ont mis le feu. Dans un grand village des environs, 36 personnes seulement ont échappé au massacre. Dans un autre village les Turcs ont attaché ensemble les hommes et les femmes par groupes de douze, et les ont jeté dans le lac de Van. Un jeune Arménien de Bitlis, qui appartenait à l’armée, et qui, après avoir été désarmé et employé au travail des routes, a réussi à s’échapper et à atteindre Van, raconte que l’ex-vali de Van, Djevat Bey, a fait massacrer à Bitlis tous les mâles depuis l’âge de 15 ans jusqu’à l’âge de quarante. Il a fait déporter leurs familles dans la direction de Sert, mais il a gardé pour lui les plus jolies filles. Bitlis est maintenant rempli de dizaines de milliers de mouhadjirs turcs et kurdes». «Gorchnag», New York, 4 septembre 1915 –
Il devrait lire aussi le témoignage de Faïez El-Ghocein, un capitaine bédouin de l »armée ottomane, témoin direct de l’indicible, quand il écrit en 1917 : « 230 000 furent massacrés dans les vilayets de Bitlis, de Van et dans le lewa de Mouch.
Mustapha Abdülhalik Renda (beau-frère de Talaat Pacha), est directement responsable du massacre des Arméniens de Bitlis (25 juin 1915) et du massacre des Arméniens de Mouch (11-14 juillet 1915) « .
Mais, « Les vérités sur le déplacement des Arméniens » (2001), du célèbre professeur d’Histoire Yusuf Halaçoglu, sont certainement plus étayées quand il dit : « Par ailleurs, tous ceux-ci montrent [les chifrres des massacres et déportations] qu’il existe un équilibre entre le nombre des arméniens soumis au déplacement vers les différentes régions de l’Anatoie et de la Roumélie, et de celui qui sont arrivés dans les nouvelles régions d’installation et qu’il n’y a pas eu de massacres lors de déplacement et d’installation. »
Sans commentaire. Ce texte est actuellement en place sur le site du Ministère de la Culture et du Tourisme turc.
Monsieur Halaçoglu, saviez-vous qu’en 1895, déjà, plus de cent villages du vilayet de Bitlis avaient été entièrement détruis ?
Jean Eckian