Info Collectif VAN – www.collectifvan.org – Comme le Collectif VAN l’a signalé à plusieurs reprises, la presse turque s’emploie à stigmatiser les Arméniens comme étant les ennemis de la Turquie. Cette fois-ci, l’accusation porte, non pas sur les Arméniens de Turquie, régulièrement présentés comme étant les véritables « meneurs » du PKK, mais contre la République du Haut-Karabagh (enclavée au sein de l’Azerbaïdjan) : la petite république arménienne, qui a proclamé son indépendance en 1991, est accusée de servir de nouvelle base arrière aux militants du PKK, obligés, selon l’article du Today’s Zaman, de se retirer d’Irak.
Selon ce quotidien turc, les officiels d’Arménie n’auraient pas démenti les faits…
Décidément, les temps changent mais les méthodes restent les mêmes.
En 1915, elles étaient annonciatrices du processus génocidaire qui se mettait en place. Et aujourd’hui ?
Le Collectif VAN vous livre la traduction de cet article du Today’s Zaman.
Le PKK cherche à s’installer au Karabakh
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), face à la pression croissante le poussant à mettre fin à ses activités dans le nord de l’Irak, est peut-être en train de chercher à réinstaller ses camps dans le Nagorno-Karabakh, région de l’Azerbaïdjan contrôlée par l’Arménie, indique un rapport des renseignements.
Après que le PKK a perdu le soutien de la Syrie, qui devait faire face à la pression militaire et diplomatique de la Turquie, depuis la fin des années 90, le groupe terroriste avait trouvé un abri sûr dans les montagnes du nord de l’Irak, une région à présent confrontée à une sérieuse menace d’incursion militaire turque. Suite aux intenses efforts diplomatiques de la Turquie en vue d’obtenir un soutien pour lutter contre le terrorisme, les leaders du nord de l’Irak et les USA ont récemment fait comprendre qu’ils soutiendraient le droit de la Turquie à se défendre contre le PKK, dont les membres passent la frontière pour lancer des attaques brutales en Turquie. Le chef de l’administration kurde régionale du nord de l’Irak, Massoud Barzani, qui n’avait auparavant pratiquement rien entrepris contre la présence du PKK dans la région, a promis récemment de rendre la présence du PKK dans le nord de l’Irak « impossible » tant que le groupe n’aura pas déposé les armes.
Le PKK qui a dû faire face à un environnent hostile croissant, a déjà commencé à évacuer ses camps du nord de l’Irak, selon des récents rapports des renseignements de la région. Les dirigeants du PKK sont en train de discuter avec l’Arménie pour réinstaller leurs camps dans la région du Nagorno-Karabakh située en Azerbaïdjan, mais contrôlée par l’Arménie, selon les rapports. Les dirigeants du PKK ont également discuté avec 12 villages kurdes en Arménie, situés près de la frontière avec la Turquie.
Le Nagorno-Karabakh est une enclave en Azerbaïdjan, qui est sous contrôle arménien depuis 1993. Depuis que l’Irak a cessé de permettre au PKK d’acheminer nourriture et équipement dans la région, et a également cessé d’admettre ses militants dans les hôpitaux du nord de l’Iran, le PKK est coincé dans cette région montagneuse du nord de l’Irak.
Face à cette situation, la direction du PKK a décidé de déménager 10 de ses camps installés dans les montagnes de Kandil, et est à la recherche d’un nouveau pays d’accueil. On estime qu’il y a environ 450 leaders du PKK cachés dans le nord de l’Irak. Les rapports d’information sur la réinstallation du PKK proviennent d’un ex-membre du PKK utilisant le nom de code « Þahin » (faucon), qui s’est rendu aux forces turques de sécurité après avoir fui le camp du nom de « Çarçela », camp du PKK situé dans le nord de l’Irak. Il a dit que le groupe avait évacué la plupart de ses camps du nord de l’Irak pour éviter une attaque militaire possible de la Turquie.
Échec à convaincre l’Iran
À l’origine, Le PKK avait envisagé de déménager ses camps en Iran, où sont situés les camps de son organisation soeur, le Parti pour une Vie Libre au Kurdistan (PJAK). Cependant, les opérations iraniennes récentes contre le PJAK et l’amélioration des relations entre la Turquie et l’Iran — et y compris un échange de renseignements — ont forcé le PKK à envisager autre chose.
Entre temps, le gouvernement d’Azerbaïdjan a demandé des informations détaillées sur les militants du PKK qui se trouvent sur son territoire, puisque le groupe terroriste a récemment augmenté ses activités sur le territoire azéri. En ce qui concerne le fait que la plupart des militants terroristes du PKK ont des passeports turcs, qui leur confèrent un accès privilégié en Azerbaïdjan, le gouvernement azéri a offert de coopérer avec les renseignements turcs. Il est également en train de préparer une nouvelle loi qui empêchera les sympathisants du PKK, qui est considéré comme une organisation terroriste, de former toute association dans le pays. Un officiel du ministère de la Justice est venu à Ankara le 28 novembre pour parler en détail de cette loi.
Plans pour Choucha, Lacin et Fizouli
L’Arménie fait des efforts spéciaux pour installer le PKK au Nagorno-Karabakh, a dit Mehmet Azeritürk, le Secrétaire général de la Fédération des Associations turco-azéries, au Today’s Zaman. « L’Arménie fait des efforts pour faire venir les militants du PKK dans les villes de Þuþa, Lacin et Fuzuli, afin de pouvoir conserver ces villes qu’elle a occupées. »Si ces villes tombent sous le contrôle du PKK, cela formera une zone tampon entre l’Azerbaïdjan et le Nagorno-Karabakh », a prévenu Azeritürk.
Bien que les officiels en Arménie aient nié avoir des contacts avec l’organisation terroriste du PKK, ils ont dit qu’il était possible que les administrateurs locaux du Nagorno-Karabakh aient pu avoir ce genre de discussions.
Hasan Sultanoðlu Zeynalov, le Consul général d’Azerbaïdjan à Kars, dans l’Est de la Turquie, a été le premier à avertir des discussions qui avaient lieu entre l’administration du Nagorno-Karabakh et le PKK. Il a dit, « Il ne reste qu’un seul pays dans la région où le PKK pourrait aller, et c’est l’Arménie. Nos recherches nous permettent de confirmer que des dirigeants du PKK sont allés en Arménie pour négocier — et nous en avons immédiatement informé les gouvernement azéri et turc. »
Il a dit que bien que les villages kurdes en Arménie situés à la frontière étaient une option, le PKK préfèrerait le Nagorno-Karabakh, une région plus reculée et plus sûre.
©Traduction C.Gardon pour le Collectif VAN 03 décembre 2007 – 08:38 – www.collectifvan.org