La mission des jésuites est aujourd’hui de travailler aux frontières de l’Eglise catholique et de la société, a déclaré vendredi leur supérieur général Peter-Hans Kolvenbach à Radio Vatican avant l’ouverture lundi à Rome de la congrégation générale de l’ordre religieux.
Le père Kolvenbach, 80 ans, ordonné prêtre dans le rite arménien et qui a donné sa démission après 24 ans à la tête de la Compagnie de Jésus, a aussi indiqué que la congrégation devra choisir pour lui succéder entre « un prophète ou un sage, un novateur ou un modérateur, un contemplatif ou un actif, un homme d’avant-garde ou un homme d’union ».
Par ce choix, « la compagnie dira ce qu’elle attend de son avenir », a-t-il dit.
« Le jésuite est essentiellement un homme de mission », a expliqué le supérieur général sortant.
« Cela implique une présence aux frontières, qui autrefois étaient plutôt les frontières géographiques de la chrétienté et sont plutôt aujourd’hui les frontières entre Evangile et culture, entre foi chrétienne et science, entre Eglise et société, entre la +bonne nouvelle+ (du christianisme) et un monde troublé et bouleversé », a-t-il détaillé.
Les 225 délégués à la congrégation générale représentant les quelque 19.000 jésuites du monde entier, vont discuter à huis-clos de l’avenir de l’ordre intellectuel et missionnaire fondé au XVIè siècle par Ignace de Loyola et qui connaît aujourd’hui une chute des vocations et une crise d’identité.
Le préposé général des jésuites se voit normalement confier un mandat à vie. Du moins en théorie, car l’actuel titulaire, le Néerlandais Peter-Hans Kolvenbach, porté à la tête de la Compagnie en 1983, vient de remettre, à l’âge de 80 ans, sa démission au pape Benoît XVI. Le pape l’a acceptée après l’avoir une première fois refusée, rappelle « Vidimus Dominum », le point de rencontre de la vie consacrée sur internet, un site patronné par l’Union des Supérieurs Généraux (USG) et par l’Union Internationale des Supérieures Générales UISG).
Né en 1928 aux Pays-Bas, Peter Hans Kolvenbach a fait ses études dans un lycée technique dirigé par les jésuites à Nimègue. Il en a gardé un regret : être alors passé à côté des grands auteurs. Sa vocation, elle, est née relativement tard : après la guerre, grâce à la lecture du premier chapitre des Exercices spirituels de saint Ignace. Au cours de son noviciat, il fait part de son souhait d’être envoyé en URSS. Ce sera… le Liban, où il est ordonné prêtre en 1961 dans le rite arménien (il porte d’ailleurs toujours la soutane noire des moines de cette Église catholique unie à Rome). Après des études de linguistique en France , il revient dans cette région dont il est un fin connaisseur.
Nommé provincial du Proche-Orient, il devient ensuite recteur de l’Institut pontifical oriental à Rome, avant d’être élu deux années plus tard préposé général. « Je suis là depuis vingt ans, constate-t-il avec humour, et la Compagnie existe encore ! »