Les raisons d’une intervention armée

Se Propager

Selon la presse d’Istanbul, c’est parce que les Etats-Unis cherchent à isoler l’Iran qu’ils ont permis à Ankara de mener son offensive dans le Kurdistan. Toutefois, les risques d’une telle guerre sur le plan intérieur ont été sous-estimés.

Pour Cengiz Candar, du quotidien Referans, « l’intervention militaire turque dans le nord de l’Irak constitue un précédent sur le plan politique. En effet, la présence militaire américaine en Irak depuis 2003 y rendait jusque-là toute incursion turque impossible. Cette intervention est le fruit d’une collaboration initiée il y a peu avec Washington, et qui s’est concrétisée récemment avec la rencontre à Bagdad du numéro deux de l’armée turque avec le général Petraeus. Du refus [le 1er mars 2003] du Parlement turc d’autoriser l’armée américaine à pénétrer en Irak à partir du territoire turc et de l’humiliation infligée à des officiers turcs à Souleymanieh par les Américains [en juillet 2003] à la collaboration actuelle, on mesure donc le chemin parcouru, poursuit le quotidien.

Par ailleurs, isoler l’Iran est devenu l’objectif principal de la politique américaine au Moyen-Orient. Cette réorientation implique un rapprochement avec les régimes arabes sunnites de la région, regroupés dans un nouveau bloc politique dans lequel la Turquie aura un rôle important à jouer. Ankara exige toutefois pour cela que Washington collabore à la lutte contre le PKK. C’est donc dans ces conditions que les Etats-Unis ont autorisé cette incursion de l’armée turque, qui doit rester limitée et ne pas affecter l’entité kurde du nord de l’Irak. »

Rusen Cakir, dans Vatan, considère toutefois que « si, d’un point de vue officiel, tant le gouvernement que l’armée turcs insistent pour dire que cette opération militaire n’a pas d’autre objectif que le PKK, il semble tout à fait clair que cette incursion vise aussi à intimider les Kurdes irakiens. Massoud Barzani [président de la région kurde du nord de l’Irak] l’a d’ailleurs bien compris, qui tient depuis plusieurs jours des propos sévères à l’égard de la Turquie. Jalal Talabani [le président irakien, d’origine kurde] qui attend une invitation pour une visite officielle à Ankara, a choisi pour l’instant de se taire. Pour autant, il est peu probable que les peshmergas kurdes irakiens prennent la défense des militants du PKK. »

Selon le même Rusen Cakir, l’opération militaire turque dans le nord de l’Irak ne risque pas, dans un premier temps en tout cas, de favoriser un climat pacifique en Turquie et notamment dans les régions kurdes. « En effet, quoi qu’on en pense, le PKK dispose en Turquie d’un profond ancrage dans la société kurde, avec sa cohorte de relais politiques tant sur le plan légal qu’illégal. Nul doute que l’opposition à cette opération sera également portée au niveau du Parlement par le parti [prokurde] DTP, ce qui risque d’accélérer le processus d’interdiction de ce parti déjà lancé par la Cour constitutionnelle. »

Pierre Vanrie

Courrier International – Paris,France

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut