« Qu’est-ce que c’est le Kosovo, et avec quoi cela se mange ? » Yuan Go, un cuisinier chinois qui a émigré dans le Haut-Karabakh, répond avec ironie à une question sur le Kosovo de l’envoyé spécial du « Moscow Times » à Stepanakert, la capitale de l’enclave majoritairement arménienne de la République de l’Azerbaïdjan. Selon le quotidien russe, Yuan travaille depuis plus d’un an dans un restaurant en compagnie de deux autres Chinois. Comme de nombreux résidents, poursuit le journal, leur espoir est que la situation reste calme après la proclamation dimanche de l’indépendance du Kosovo. A la différence de la province du sud de la Serbie, note le « Moscow Times », « la République autoproclamée du Haut-Karabakh n’a pas le soutien de l’Union européenne ou des Etats-Unis dans sa tentative de devenir indépendante ». Reste que les Arméniens de l’enclave, avec le soutien de la République d’Arménie, ont remporté la guerre des années 1990 contre les Azéris et établissent aujourd’hui « des parallèles avec le Kosovo et la longue lutte de sa population majoritairement albanaise ». Pour les dirigeants du Karabakh, selon le journal, « la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo constitue un précédent ». L’Azerbaïdjan a accordé à la région une très large autonomie à l’issue de négociations menées sous les auspices de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Mais la population de l’enclave (138.000 personnes, dont 99,7 % d’origine arménienne) insiste pour obtenir son indépendance. Le ministre des Affaires étrangères de la République « non-reconnue » du Karabakh, Georgy Petrosyan, confie au journal que « la solution pour le Kosovo dans son conflit avec la Serbie fonctionnerait aussi pour le Karabakh dans son conflit avec l’Azerbaïdjan ». Le « Moscow Times » fait cependant remarquer que les dirigeants de cette enclave semblent ne pas avoir remarqué que la Russie, pourtant allié à la République arménienne, a soigneusement évité de mentionner le Karabakh parmi les « républiques autoproclamées » dans l’ancienne URSS, qui seront affectées par l’indépendance du Kosovo. Le président Poutine, qui a en revanche mentionné l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie en Géorgie, et la Transnistrie en Moldavie, veut, il est vrai, développer les relations avec l’Azerbaïdjan, un Etat riche en pétrole.
http://www.lesechos.fr/info/analyses/4688665.htm
