Lundi 11 février 2008 a eu lieu la troisième audience dans le procès des meurtriers de Hrant Dink devant la 14ème Haute Cour Pénale de Besiktas à Istanbul qui a durée huit heures. Hrant Dink, fondateur et le rédacteur en chef du journal arménien Agos a été tué le 19 janvier 2007.
De sévères précautions de sécurité avaient été mises en place devant le bâtiment de la cour. L’audience en elle-même a été enregistrée à la demande par de la parti civile pour s’assurer de la tenue d’un procès équitable. C’est la première fois qu’une audience est enregistrée en Turquie et cela a causé un certain retard au cours de la matinée.
Avant que le procès n’ait commencé un groupe intitulé « groupe de sensibilité Hrant Dink » composé d’auteurs, de journalistes, de militants des droits de l’homme a lu une déclaration demandant que toute la justice soit faite.
Le procès a été suivi par les membres de la famille de Hrant Dink, leurs avocats, plusieurs parlementaires, des militants des droits de l’homme ainsi que Joost Lagendijk, député européen.
Toute l’audience a été tendue. Fuat Turgut, l’avocat de la défense pour le suspect Yasin Hayal, a exigé que Joost Lagendijk et les parlementaires turcs soient renvoyés de la salle déclarant « la loi sur les fondations [ au sujet de la propriété des minorités religieuses en Turquie ] sort, laissons les s’occuper de cela ». Fuat Turgut a accuse également les avocats de la famille Dink d’être des membres d’une organisation illégale. Fuat Turgut avait récemment attiré l’attention du public quand il avait été arrêté puis plus tard libéré dans le cadre de l’opération Ergenekon.
Yasin Hayal a nargué la famille de Hrant Dink leur souriant de façon narquoise et a été réprimandé pour cela par le juge. Le suspect Erhan Tuncel s’en est pris directement à la veuve du journaliste Rakel Dink pendant son interrogatoire déclarant « ils en ont fabriqué une sainte. Elle fait des discours. Elle nous appelle les « enfants », mais en même temps elle essaye de s’assurer que nous obtiendrons de graves sentances ». Erhan Tuncel a également exigé que les adjoints au procureur soient renvoyés de la cour alléguant qu’ils avaient dévoilé des noms et violé des secrets. Sur les huit suspects détenus seuls Yasin Hayal et Erhan Tuncel ont été interrogés.
Yasin Hayal a répondu aux questions des avocats de Dink. Il a décrit les relations qu’avec Erhan Tuncel, un informateur de la police, ils avaient dans les foyers Alperen, organisation de la jeunesse du parti islamo-nationaliste de la Grande Union (BBP).
Yasin Hayal a indiqué que tous les suspects appelaient Erhan Tuncel le « chef » car il avait plastiqué à Trabzon un McDonald en 2004 et qu’il était protégé. A la question d’un avocat Yasin Hayal a indiqué qu’il était « désolé » pour le meurtre de Hrant Dink. Afin de montrer qu’il était un informateur de la police, Erhan Tuncel a donné les noms de trois officiers de police qui étaient en contact avec lui. Le premier des noms était Muhittin Zenit avec qui il a parlé des heures après le meurtre et qui connaissait le plan du meurtre selon l’enregistrement de la conversation. Parce qu’un fichier préparé sur Tuncel par l’unité de renseignements a été détruit il n’existe aucune preuve concrète de ses contacts dans le passé. Erhan Tuncel a annoncé à l’audience qu’il ne répondrait à aucune question des avocats. Il a dit « j’ai fait ce que j’ai été invité à faire, je ne pourrais pas faire plus. Si mes intentions avaient été mauvaises, je n’aurais pas informé (les autorités du plan du meurtre) ».
Malgré les demandes des plaignants de lier les enquêtes sur les suspects à Istanbul, Samsun et Trabzon, la cour a décidé de maintenir les enquêtes séparées. Ainsi, les officiers de police à Samsun et les officiers de gendarmerie à Trabzon seront jugés pour grave négligence et dans des procès séparés.
La cour a également refusé la demande de la défense de libérer les accusés.
La prochaine auditience aura lieu dans deux semaines soit le 25 février et la cour devrait évaluer la demande de la partie civile d’identifier les officiers des renseignements qui ont été accusés d’avoir menacé Hrant Dink dans le bureau du gouverneur d’Istanbul ainsi que le rapport du médecin légiste au sujet de l’âge biologique de l’assassin Ogun Samast. En outre, l’interrogatoire des autres suspects continuera.