L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing a déploré mardi la décision du Sénat de supprimer la disposition rendant obligatoire un référendum en France avant une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Les sénateurs ont supprimé lundi soir un amendement introduit par les députés dans la réforme des institutions rendant obligatoire une telle consultation pour les pays représentant plus de 5% de la population de l’UE, ce qui est le cas de la Turquie.
Invité sur France Inter, l’ancien chef de l’Etat (1974-1981) a rappelé que le parlement avait décidé début 2005, sous l’impulsion de l’ex-président Jacques Chirac, qu’il y aurait un référendum sur l’adhésion d’Ankara.
« Les gens ont dit ‘très bien, on nous demandera notre avis’, c’est ce qu’ils ont retenu », a commenté Valéry Giscard d’Estaing.
« Trois ans après on propose de suppprimer cette garantie et on demande aux mêmes qu’ils l’ont votée de la supprimer : ce n’est pas raisonnable. Si on voulait démolir la conscience de l’opinion publique, on n’agirait pas autrement », a-t-il ajouté.
Invité sur i-Télé, le député UMP de l’Eure Bruno Le Maire s’est déclaré contre l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne mais également défavorable à toute mesure stigmatisant un seul Etat.
Le député socialiste Jack Lang a lui aussi approuvé la décision du palais du Luxembourg.
« Je remercie le Sénat d’avoir adopté cette position claire et nette car rendre le référendum obligatoire pour la seule Turquie serait un acte offensant et blessant à l’égard d’un pays ami qui, en ce moment au Moyen-Orient, est un médiateur important », a-t-il déclaré sur LCI.
L’ancien ministre a dit souhaiter que l’Assemblée nationale confirme cette décision « sage ».
« Le président doit avoir le choix entre le recours au suffrage populaire pour approuver une adhésion nouvelle ou la ratification par le Parlement », a-t-il ajouté.
Jack Lang a participé à la commission de réflexion sur la réforme des institutions présidée par l’ancien Premier ministre Edouard Balladur.