Devant les multiples actions téléguidées par le gouvernement turc visant à faire capoter l’adoption de la H. Res.106 et S. Res.106 reconnaissant la réalité du Génocide des Arméniens, alors que le candidat démocrate à l’élection présidentielle des Etats Unis, Barack Obama, réaffirme clairement son soutien à la dite reconnaissance, les organisations arméniennes US, ANCA et AYF, viennent de passer à la vitesse supérieure en une campagne de presse sans précédent.
Après avoir placardé dans la presse et sur des sites internet dédiés à la politique, dont celui du Capitol Hill, un texte, pleine page, décrivant l’historique et la justification du génocide perpétré de 1915 à 1923 par le gouvernement ottoman et le calvaire subit par le peuple arménien, les organisations arméno-américaines entendent faire cesser le caractère inacceptable des menaces et intimidations utilisées envers les représentants du Congrès, les sénateurs et les militants arméniens, bâillonnant ainsi la liberté de parole sur le sol américain.
La Turquie y est accusée d’être devenue de plus en plus agressive et exigeante dans ses relations avec le gouvernement américain en exportant une antidémocratique restriction à la liberté d’expression aux États Unis par l’utilisation du chantage sécuritaire entraînant la « règle du bâillon ».
Ainsi, alors que Marie Yovanovitch (actuellement ambassadrice des États Unis au Kirghizistan), pressentie par l’administration américaine au poste d’ambassadrice à Erevan, refuse de qualifier les événements de 1915 comme étant un Génocide, le Secrétaire d’État adjoint aux Affaires Européennes, Dan Fried, poursuivant sa mission de bons offices dans le Sud Caucase, colporte allègrement la rectitude compatissante de l’administration Bush envers la question arménienne de ne surtout pas faire adopter la fameuse Résolution faisant référence au Génocide des Arméniens. « Puisque le Président [Bush] n’utilise pas le terme ni le Département d’État, nous n’avons pas à le faire », dit-il.
De fait, le diplomate semble plus préoccupé par la restauration des sensibilités turques que par le fait que toute une nation a presque été totalement anéantie.
Il est grand temps que certains responsables américains arrêtent ces jeux éhontés de basse politique et d’appeler un chat un Chat. Mais sera-ce le cas si Barack Obama est élu à la magistrature suprême des États Unis en novembre prochain, sachant que l’un de ses conseillers les plus proches n’est autre que Madeleine Albright, l’une de plus farouches opposantes à la reconnaissance du Génocide des Arméniens ? Réponse à cette question dans cinq mois.
Jean Eckian