Le président russe Dmitri Medvedev va connaître vendredi son « baptême du feu » diplomatique, lors d’un sommet de la CEI (ex-URSS moins Etats baltes), où une série de sujets explosifs seront abordés, de l’Abkhazie à l’élargissement de l’Otan dans l’espace post-soviétique.
M. Medvedev aura plusieurs rencontres bilatérales dans le cadre de ce sommet informel à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), notamment avec ses homologues géorgien Mikheïl Saakachvili et ukrainien Viktor Iouchtchenko, a indiqué le Kremlin, alors que la tension est montée ces dernières semaines entre Moscou et ses deux voisins pro-occidentaux qui souhaitent entrer dans l’Otan.
Le nouveau président russe rencontrera M. Saakachvili et M. Iouchtchenko pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir le 7 mai. « La conversation va être difficile », a concédé le conseiller diplomatique de M. Medvedev, Sergueï Prikhodko, cité par le quotidien Nezavissimaïa Gazeta.
Qu’il s’agisse de sa visite en Chine et au Kazakhstan fin mai ou de son déplacement prévu jeudi à Berlin, les premiers pas de M. Medvedev sur la scène internationale sont restés jusqu’ici plus feutrés.
Les questions les plus délicates au menu de Saint-Pétersbourg seront la situation dans la république séparatiste d’Abkhazie, en Géorgie, et le stationnement en Ukraine de la flotte russe de la mer Noire.
Mardi, le président géorgien a déjà appelé M. Medvedev, pour parler du récent envoi de troupes russes en Abkhazie, critiqué par Tbilissi qui soupçonne Moscou de vouloir annexer cette région séparatiste, et par l’Otan.
La commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a déclaré mercredi à Moscou que les « agissements » de la Russie en Géorgie menaçaient « la stabilité » dans la région.
Les entretiens russo-ukrainiens s’annoncent tout aussi compliqués.
Moscou est exaspéré par un décret signé fin mai par le président ukrainien qui demande de préparer une loi sur la « cessation dès 2017 des accords internationaux » qui font de Sébastopol (Ukraine) le port d’attache de la marine russe en mer Noire.
Le président russe avait déjà haussé le ton la semaine dernière à l’égard de l’Ukraine, mettant en garde M. Iouchtchenko contre « des décisions unilatérales qui contredisent les accords conclus ».
La volonté de l’Ukraine et de la Géorgie de rejoindre l’Alliance atlantique inquiètent aussi particulièrement les Russes qui ne cessent de critiquer l’élargissement de l’Otan.
La Douma, chambre basse du Parlement russe, a appelé mercredi le président russe à sortir du traité d’amitié et de coopération avec l’Ukraine si celle-ci devient officiellement candidate à l’adhésion à l’Otan.
« Il est peu probable qu’il y ait de sérieuses avancées » sur ces dossiers épineux, estime toutefois le politologue russe Evgueni Volk de la Fondation américaine Héritage. Moscou restera sur ses positions et utilisera « la pression énergétique et militaire » sur ses voisins, estime M. Volk.
La Russie a souvent utilisé l’arme énergétique vis-à-vis de Kiev, alors que la présence croissante des militaires russes dans les républiques séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud inquiète sérieusement Tbilissi.
Outre ses homologues géorgien et ukrainien, M. Medvedev aura des entretiens bilatéraux avec les présidents de Moldavie, d’Azerbaïdjan, d’Arménie et des pays d’Asie Centrale, qui porteront notamment sur les questions de coopération économique, à la veille du Forum économique de Saint-Pétersbourg.
