Nous avons bu la même eau : voyage intime dans le génocide arménien

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« Nous avons bu la même eau » : voyage intime dans le génocide arménien

LEMONDE.FR : Article publié le 13.05.08

Serge Avédikian, comédien et réalisateur français, est retourné à trois reprises en Turquie en deux décennies, pour y retrouver le village natal que son grand-père, d’origine arménienne, a fui lors du génocide. Un émouvant voyage aux origines qui ne réserve hélas guère de surprise, esthétique ou historique.

Serge Avédikian est un comédien connu dans le cinéma français. Ses origines arméniennes l’ont conduit, au fil du temps, à vouloir retrouver la trace de sa famille en Turquie, par-delà le drame du génocide de 1915 qui a éradiqué la présence arménienne de ce pays. De 1987 à nos jours, il s’est ainsi rendu à trois reprises dans le village natal de ses grands-parents, Soloz, à 170 kilomètres au sud d’Istanbul. La découverte pas à pas de la présence arménienne dans le village est de l’ordre résiduelle : pierres tombales, inscriptions à demi-effacées, rares souvenirs que les plus anciens du village consentent à se remémorer. En quelque vingt ans de tournage, c’est finalement la présence d’Avédikian et le film lui-même qui font office d’aiguillon, auprès d’une population qu’il finit par connaître. C’est d’ailleurs sans doute, par-delà le travail de mémoire, l’un des buts essentiels du réalisateur : confronter sa propre présence, celle en quelque sorte d’un fantôme revenu du passé, à celles des habitants du village. Le résultat est cruel et pathétique.

Vidé de ses Arméniens et peuplé par des slaves musulmans eux-mêmes venus de Thessalonique dans le cadre des déplacements de population de l’époque, Soloz est aujourd’hui privé de sa mémoire. L’empathie dont témoignent ses habitants à l’égard de l’histoire familiale du réalisateur a ainsi une limite, qui est celle de la position officielle de l’Etat turc dans la reconnaissance du génocide arménien, à savoir qu’il n’a pas eu lieu, éventuellement assortie de diverses légendes sur le trésor caché laissé par les Arméniens en partant. Sur ce mur d’ignorance plus ou moins feinte, de préjugés tenaces et d’insupportable violence symbolique, le film se fracasse faute de savoir au juste quoi en faire. L’optimisme fraternel du réalisateur en devient du coup admirable et douloureux, mais ne répond nullement au défi posé par son propre film.


Film documentaire français de Serge Avédikian. (1 h 12.)

Jacques Mandelbaum

raffi
Author: raffi

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