Un tribunal militaire de Damas a condamné cinquante Kurdes ayant participé à une manifestation en 2005 à des peines de quatre à six mois de prison, a déclaré lundi une ONG, l’Organisation nationale des droits de l’homme en Syrie (ONDHS).
Les cinquante Kurdes avaient été arrêtés pendant deux mois puis relaxés. Ils avaient participé, à Qamichli dans le nord du pays, à une manifestation le 5 juin 2005 pour connaître la vérité sur la mort dans des circonstances controversées d’un influent ouléma kurde, Mohammad Maachouk Khaznaoui.
Ils ont été condamnés dimanche par le tribunal militaire à des peines de prison allant de quatre à six mois pour avoir « incité à des dissensions confessionnelles et raciales et à des conflits entre les différentes confessions et catégories de la nation », selon un communiqué de l’ONDHS qui a publié une liste nominative des condamnés.
Le président de l’organisation, Ammar Qorabi, a espéré que « ces citoyens seront innocentés s’ils font appel de leur jugement » et a souligné que « la constitution syrienne garantit les droits à manifester et à protester pacifiquement ».
En 2005, les manifestants avaient réclamé la formation d' »une commission impartiale » composée notamment d’avocats kurdes pour enquêter sur la mort du cheikh Maachouk Khaznaoui, disparu le 10 mai 2005 à Damas et dont le gouvernement a ensuite annoncé la mort le 1er juin suivant.
Le gouvernement syrien avait dit avoir arrêté deux des cinq membres d’une « bande criminelle » qui aurait tué l’ouléma.
Agé de 46 ans, le religieux kurde était vice-président du Centre d’études islamiques à Damas et bénéficiait d’une grande popularité, y compris en dehors de sa communauté. Fervent défenseur des droits des Kurdes de Syrie, il avait critiqué avec virulence l’Etat syrien pour le traitement de la minorité kurde.
Estimés à plus de 1,5 million de personnes, les Kurdes de Syrie représentent environ 9% de la population du pays. Ils réclament la reconnaissance de leur langue et de leur culture.