Istanbul, 26 août 2020 (AFP) – La Turquie ne fera « aucune concession » pour
défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale, a affirmé mercredi le
président Recep Tayyip Erdogan, appelant la Grèce à se garder de commettre
toute « erreur » qui mènerait à sa « ruine ».
« La Turquie prendra ce qui lui revient de droit en mer Noire, en mer Egée
et en Méditerranée (…) Nous ne ferons absolument aucune concession sur ce
qui nous appartient », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours martial.
« Pour cela, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est nécessaire sur
les plans politique, économique et militaire », a-t-il ajouté lors d’une
cérémonie commémorant la bataille de Manzikert, en 1071, qui marque l’entrée
des Turcs en Anatolie après la victoire du sultan seldjoukide Alp Arslan sur
les Byzantins.
Ces déclarations interviennent en pleine escalade des tensions entre Ankara
et Athènes en Méditerranée orientale, où la découverte d’importants gisements
gaziers ces dernières années a aggravé des disputes anciennes entre ces deux
pays voisins concernant leurs frontières maritimes.
La Turquie a déployé depuis le 10 août un navire de recherche sismique
accompagné d’une escorte militaire dans une zone revendiquée par Athènes,
provoquant l’ire de la Grèce qui a également déployé des bâtiments dans la
région.
« Nous invitons nos interlocuteurs à (…) se garder de toute erreur qui
ouvrirait la voie à leur ruine », a lancé M. Erdogan, dans une allusion à la
Grèce qu’il n’a toutefois pas nommée.
Le discours au vitriol de M. Erdogan intervient au lendemain d’un
déplacement à Athènes et Ankara du chef de la diplomatie allemande Heiko Maas,
dont le pays s’efforce d’apaiser les tensions par une médiation.
Ankara est prêt au dialogue, mais seulement si Athènes ne pose aucune
« condition préalable », a indiqué mardi le ministre turc des Affaires
étrangères Mevlüt Cavusoglu.
Sur le terrain, la situation semble explosive, Ankara et Athènes, deux
membres de l’Otan aux relations historiquement délicates, ayant mené mardi des
manoeuvres navales rivales.
La Grèce, la France, l’Italie et Chypre doivent en outre conduire de
mercredi à vendredi un exercice militaire conjoint en Méditerranée orientale,
au Sud de la Crète et de Chypre.
La France, qui soutient la Grèce dans cette dispute, a déclaré mercredi que
la Méditerranée ne devait pas être « un terrain de jeu » pour des « ambitions de
certains ».
Reprochant à Athènes de vouloir rallier l’Union européenne contre Ankara,
M. Erdogan a affiché mercredi un air de défiance.
« La Turquie n’est plus un pays dont la patience, la détermination, les
moyens et le courage peuvent être testés (…) Ceux qui veulent s’opposer à
nous et qui sont prêts à en payer le prix, qu’ils le fassent. Sinon, qu’ils
s’écartent de notre chemin » », a-t-il déclaré.
La Turquie ne fera « aucune concession », affirme Erdogan
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