Les bombardements sapent les espoirs de trêve

Se Propager

Stepanakert , 11 oct 2020 avec AFP – Forces arméniennes
Indépendantistes du Nagorny Karabakh et armée azerbaïdjanaise s’accusaient
dimanche de poursuivre les bombardements de zones civiles, l’accord de trêve
signée la veille à l’aube semblant déjà caduc.
Dans l’après-midi, aucun échange de prisonniers ou de corps n’avait été
annoncé, un objectif pourtant du cessez-le-feu humanitaire négocié à Moscou et
qui devait entrer en vigueur samedi à 08H00 GMT.
L’Azerbaïdjan a accusé les séparatistes arméniens de ne pas respecter les
conditions de la trêve, faisant état notamment d’une frappe nocturne sur
Gandja, deuxième ville du pays, qui a fait neuf morts parmi les civils.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a dénoncé sur Twitter une
« violation flagrante du cessez-le-feu » et un « crime de guerre ».
« Les forces armées arméniennes ne respectent pas la trêve humanitaire et
poursuivent les tirs de roquettes et d’artillerie sur les villes et villages
d’Azerbaïdjan », a de son côté réagi auprès de l’AFP un porte-parole du
ministère de la Défense, Vaguif Dyargahly, des accusations réitérées par
l’armée azerbaïdjanaise dans un communiqué publié en soirée.
Même ton chez son homologue arménien, Chouchan Stepanian: « En violation de
l’accord de cessez-le-feu, les forces azerbaïdjanaises mènent des assauts vers
le Sud, utilisant des véhicules blindés et des missiles. Les unités
(Indépendantistes) ont résolument supprimé toutes les opérations ennemies ».
Dimanche soir, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep
Borrell, a fait part de son « extrême préoccupation ».
« Nous prenons note avec une extrême préoccupation de rapports faisant état
de la poursuite des activités militaires, notamment contre des cibles civiles,
et de victimes civiles », a-t-il déclaré.
Les 27 pays membres de l’Union « demandent instamment à toutes les parties
de respecter l’accord (de cessez-le-feu) sur le terrain », a-t-il ajouté.
A Gandja, les journalistes de l’AFP ont vu les sauveteurs azerbaïdjanais à
l’oeuvre dans les décombres d’un immeuble, d’où deux corps ont été extraits.
Au total, neuf appartements ont été détruits, selon des témoins, par une
frappe à 02H00 locales (22H00 GMT), qui a fait neuf morts.
– Accusations et contre-accusation –

Les autorités du Nagorny Karabakh ont démenti avoir bombardé Gandja. Le
président séparatiste Araïk Haroutiounian a assuré dimanche matin que ses
troupes respectaient « l’accord de cessez-le-feu », et jugé la situation « plus
calme » que la veille.
Sa capitale, Stepanakert, a été néanmoins la cible d’au moins trois vagues
de bombardements dans la nuit, selon des journalistes de l’AFP. Dans
l’après-midi, on y entendait le bruit distant de tirs d’artillerie provenant
sans doute de la ligne front.
Le ministre arménien des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanian, qui a
négocié la trêve avec son homologue azerbaïdjanais, retournera à Moscou lundi.
Il doit retrouver le Russe Sergueï Lavrov mais sa porte-parole a affirmé à
l’AFP qu’une rencontre avec les co-présidents du Groupe de Minsk de l’OSCE
(Russie, France, Etats-Unis) est aussi programmée, à une date pas encore fixée.
Dimanche, les ministres russe et turc des Affaires étrangères ont appelé,
selon un communiqué russe après leur conversation téléphonique, à « la
nécessité de respecter rigoureusement toutes les dispositions » de l’accord.
Le pape François a déploré lui « une trêve trop fragile ».
Le Nagorny Karabakh, territoire majoritairement peuplé d’Arméniens, a fait
sécession de l’Azerbaïdjan entraînant une guerre qui a fait 30.000 morts dans
les années 1990. Bakou accuse depuis Erevan d’occuper son territoire, et les
affrontements y sont réguliers.
Les combats qui opposent depuis le 27 septembre les troupes séparatistes,
soutenues par l’Arménie, et l’Azerbaïdjan sont les plus graves depuis le
cessez-le-feu de 1994.

– Centaines de morts –

Près de 500 morts ont été comptabilisés, dont une soixantaine de civils, un
bilan qui pourrait être en réalité bien plus lourd, l’Azerbaïdjan n’ayant pas
révélé le nombre de ses militaires tués et chaque camp revendiquant avoir tué
des milliers de soldats adverses.
La réalité sur le terrain reste floue, chaque camp démentant
systématiquement les succès annoncés par l’autre.
La trêve négociée à Moscou l’a été après de multiples appels de la
communauté internationale, notamment du médiateur historique du conflit, le
Groupe de Minsk, co-présidé par la Russie, la France et les Etats-Unis.
L’Azerbaïdjan, fort du soutien de la Turquie, a prévenu que ses opérations
militaires ne cesseront définitivement qu’en cas de retrait arménien du
Nagorny Karabakh.
La crainte est de voir ce conflit s’internationaliser, Ankara encourageant
Bakou à l’offensive et Moscou étant lié par un traité militaire à Erevan.
La Turquie est en outre accusée d’avoir envoyé des combattants djihadistes de
Syrie se battre aux côtés des Azerbaïdjanais, ce que Bakou dément.

Par Hervé BAR et Dmitry ZAKS à Gandja, Azerbaïdjan

La rédaction
Author: La rédaction

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut