On l’annonçait depuis des mois… Mais faute d’avancée de la diplomatie dans le cadre du Groupe de Minsk de l’OSCE, c’est le contexte de guerre ouverte entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour du Haut Karabagh qui pourrait provoquer cette rencontre tant attendue entre les leaders des deux pays, le premier ministre arménien Nikol Pachinian et le president azéri Ilham Aliev. Les deux leaders, qui ont été interviewés par l’agence de presse officielle russe TASS, se sont dits prêts chacun de leur côté à se rencontrer, alors que les combats faisaient toujours rage, pour la 23e journée consecutive, dans et autour du Karabagh, malgré deux accords de trêve humanitaire, l’une à l’initiative de la Russie, le 10 octobre, l’autre de la France, le 17 octobre. “Le conflit du Karabagh doit être réglé par les seuls moyens pacifiques … Et je suis prêt à deployer tous les efforts pour parvenir à ce resultat, y comprise en y allant [à Moscou], rencontrer et discuter”, a indiqué N.Pachinian. Le premier ministre arménien a rappelé que l’Arménie restait favorable à un accord de paix de “compromis”. “S’il n’y a pas de telle disposition dans la partie adverse, nous restons prêts à combattre jusqu’au bout pour notre peuple, nos compatriotes du Haut-Karabagh”, a ajouté Pachinian. I.Aliyev, de son côté, a affirmé que Bakou était “prêt à touts contacts” avec Erevan. “Nous sommes toujours prêts à nous rencontrer à Moscou ou ailleurs pour mettre un terme au conflit et parvenir à un règlement”, a indiqué le president azéri, cité par TASS. I.Aliyev a toutefois précisé qu’il n’avait à ce jour reçu “aucune invitation” de la Russie.
Le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov avait réuni autour de la table des négociations ses homologues arménien et azéri dans la nuit du 9 au 10 octobre. Ces longs pourparlers avaient donné lieu à un accord en vue d’une trêve humanitaire qui n’a jamais été appliqué sur le terrain. Toujours lundi, S.Lavrov avait indiqué que Moscou continuait ses efforts en vue de ramener les parties autour de la table des négociations pour qu’elles cessent les hostilités et s’engagent sur la voie de “discussions substantielles” sur la base du plan de paix proposé par les copresidents russe, américain et français du Groupe de Minsk de l’OSCE. Le president Aliyev a indiqué que, contrairement aux autorités actuelles de l’Arménie, il aurait donné son accord aux solutions proposes par les médiateurs internationaux, qui prévoient, notamment, le retrait des Arméniens de tous les districts environnant le Haut-Karabagh proprement dit avant de parvenir à un accord sur le statut du territoire contesté, le point manifestement le plus litigieux, qui devrait être décidé par un referendum de ses habitants. N. Pachinian pour sa part, met l’accent sur la nécessité d’une reconnaissance par l’Azerbaïdjan du droit à l’auto-détermination des Arméniens du Karabagh, comme garantie d’un succès du processus de paix. La question est d’une “importance stratégique” pour la partie arménienne, a rappelé le leader arménien.
Depuis son arrivée au pouvoir à la faveur de la revolution de velours, en mai 2018, N.Pachinian a rencontré à plusieurs reprises I.Aliev en marge de reunions internationals, mais le sommet maintes fois annoncé entre les deux leaders arménien et azéri a été à chaque fois reporté. La dernière “poignée de mains” entre MM.Aliev et Pachinian remonte au 15 février, lorsqu’ils s’étaient renconcontrés en marge de la Conférence internationale annuelle sur la sécurité, à Munich.
