Des parents et proches de soldats arméniens portés disparus pendant la guerre au Haut-Karabagh ont lancé mardi un appel à la Russie pour les aider à les retrouver ou à récupérer leur corps sur le territoire contrôlé par l’Azerbaïdjan.
Un grand nombre de ces soldats ont combattu dans les districts de Hadrut et de Jebrail, qui ont été capturés par les forces azerbaïdjanaises pendant la guerre de six semaines, arrêtée par un cessez-le-feu négocié par la Russie le 10 novembre. L’accord arméno-azerbaïdjanais prévoit également la remise mutuelle des corps des soldats tués au cours de leur mission.
Les autorités d’Erevan et de Stepanakert affirment que la partie azerbaïdjanaise n’a toujours pas accordé à la partie arménienne, aux soldats de la paix russes ou aux représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) l’accès aux champs de bataille de Hadrut et de Jebrail. Un responsable du Karabagh a dit en fin de semaine dernière que les corps de 350 soldats arméniens avaient été récupérés dans d’autres sections de la «ligne de contact».
Ces explications n’ont pas satisfait les proches des autres soldats disparus. Des centaines d’entre eux ont manifesté devant le ministère arménien de la Défense pendant plusieurs jours avant que le Premier ministre Nikol Pachinian ne rencontre leurs représentants lundi soir.
Pachinian leur a assuré que les autorités arméniennes faisaient de leur mieux pour savoir où se trouvaient leurs proches. Il a offert de nommer certains d’entre eux à un groupe de travail gouvernemental créé à cette fin.
De nombreux proches se sont à nouveau rassemblés devant les locaux du ministère de la Défense à Erevan mardi matin. Certains se sont rendus au bureau du Premier ministre pour demander une autre rencontre avec Pachinian.
Les manifestants se sont ensuite rassemblés devant l’ambassade de Russie à Erevan. Ils y ont signé une lettre conjointe adressée au président russe Vladimir Poutine, qui a été remise par leurs représentants à l’ambassadeur de Russie en Arménie, Sergueï Kopyrkine.
L’un des manifestants, Yeghishe Zakunts, s’est adressé aux journalistes : « Nous demandons à la Russie et à Vladimir Poutine personnellement d’amener le gouvernement azerbaïdjanais à laisser les soldats de la paix ou la Croix-Rouge entrer dans Hadrout et Jebrail afin que nous puissions au moins obtenir le corps de nos héros ».
Le ministère arménien de la Santé a indiqué le 14 novembre qu’au moins 2 300 combattants arméniens étaient morts durant la guerre. Une porte-parole du ministère a précisé que ce chiffre n’incluait pas les soldats portés disparus. Leur nombre total n’est pas encore connu, a-t-elle confié.
L’armée arménienne a jusqu’à présent signalé et identifié plus de 1 600 victimes au combat dans ses rangs.
L’Azerbaïdjan n’a pas révélé le nombre de ses soldats tués au combat.
L’accord de trêve négocié par Poutine appelle également à un échange de tous les prisonniers de guerre arméniens et azerbaïdjanais et civils captifs. On ne sait pas encore quand les belligérants commenceront à mettre en œuvre cette disposition.
Une porte-parole du CICR à Erevan, Zara Amatuni, a assuré hier que des représentants de la Croix-Rouge avaient rendu visite à des prisonniers de guerre arméniens et azerbaïdjanais.
«Notre mission est de continuer à essayer de rendre visite à davantage de personnes pour vérifier leurs conditions de détention et les aider à rester en contact avec leur famille», a commenté Amatuni.
Une cinquantaine de prisonniers de guerre et civils arméniens seraient détenus en captivité par l’Azerbaïdjan. Faisant suite aux appels interjetés par des avocats arméniens, la Cour européenne des droits de l’homme a ordonné à Bakou de fournir des informations sur leur santé et leurs conditions de détention.
