Le gouvernement arménien pourrait retirer sa proposition de tenir de nouvelles élections législatives anticipées si les forces de l’opposition continuent de demander sa démission, a averti hier un proche associé du Premier ministre.
Nikol Pachinian a de nouveau refusé de démissionner et proposé à la place de tenir de telles élections à la fin du mois dernier. Il fait face à des manifestations de rue déclenchées par la défaite du pays lors de la guerre d’automne au Haut-Karabakh.
Pratiquement tous les groupes d’opposition arméniens tiennent Pachinian pour responsable de l’issue de la guerre et veulent qu’il cède le pouvoir à un gouvernement intérimaire. Ils soutiennent que les scrutins anticipés ne peuvent avoir lieu qu’après sa démission.
Faisant écho aux déclarations de Pachinian, un membre éminent du bloc au pouvoir Mon pas, Alen Simonian, a affirmé que le sort du gouvernement actuel doit être décidé par «la volonté du peuple». «Nous devons demander aux gens, plutôt que d’acheter des médias ou de former des utilisateurs [des médias sociaux] », a-t-il dit au service arménien de RFE / RL.
Simonian a souligné que le déroulement du vote proposé par Pachinian reposait sur un large «consensus» politique dans le pays. «Je n’exclus pas qu’en cas de décision [de l’opposition] de la nécessité d’élections, notre faction trouvera une solution législative à ce problème, a-t-il commenté. Mais je n’exclus pas non plus qu’il n’y aura pas du tout d’élections. Si l’opposition estime qu’elle ne peut pas participer, pourquoi devrions-nous organiser les élections? »
Un député du parti Lumineuse Arménie (LHK), l’un des deux partis d’opposition représentés au Parlement, a qualifié l’avertissement de Simonian comme un «chantage».
«Ce qu’ils disent maintenant, c’est : « Nous allons continuer et ruiner ce qui reste du pays et l’opposition en sera responsable parce qu’elle refuse d’aller aux élections avec nous » », a prétendu Gevorg Gorgisian.
«Les tensions et la crise que nous traversons actuellement ne prendraient pas fin à la suite des élections organisées par Nikol Pachinian», a-t-il assuré.
Le LHK ne fait pas partie d’une coalition de plus d’une douzaine de groupes d’opposition qui ont organisé des manifestations anti-gouvernementales en novembre et décembre.
Deux membres dirigeants de la coalition, appelée le Front de Salut public, ont promis vendredi davantage d’efforts pour évincer Pachinian alors qu’ils commençaient à visiter les régions arméniennes dans le but d’obtenir un plus grand soutien pour leur campagne.
En vertu de la Constitution arménienne, de nouvelles élections devront être déclenchées et organisées par le gouvernement actuel si Pachinian démissionne et que l’Assemblée nationale échoue à deux reprises à élire un autre Premier ministre. Le LHK a clairement indiqué qu’il désignerait son principal dirigeant, Edmon Marukian, au poste de Premier ministre en cas de démission tactique de Pachinian.
Simonian a indiqué que le LHK doit s’engager à ne pas le faire. Gorgissian s’est moqué de cette requête, affirmant que l’équipe politique de Pachinian craignait que les députés pro-gouvernementaux rompent les rangs et votent pour Marukian.
Le parti de Marukian ne contrôle que 17 sièges sur les 132 que compte le Parlement. Mon pas en a 83.