Le Parlement arménien a élu mardi une juge senior de 42 ans et ancienne procureure à la tête de la Cour de cassation, la plus haute instance de justice pénale et administrative du pays.
La nouvelle présidente du tribunal, Lilit Tadevosian, était soutenue par 102 membres de l’Assemblée nationale qui en compte 132, parmi lesquels des parlementaires de l’opposition. Son prédécesseur, Yervand Khundkarian, est devenu membre de la Cour constitutionnelle arménienne en septembre.
Tadevosian a été nommé pour le poste vacant par le Conseil judiciaire suprême (SJC), un organe indépendant de surveillance des tribunaux arméniens.
Tadevosian a travaillé comme procureure avant de devenir juge en 2012. En 2016, le président Serge Sarkissian l’a nommée juge à la Cour de cassation. Elle est devenue chef de la chambre criminelle du tribunal en 2018.
Tadevosian a souligné l’importance de l’indépendance judiciaire lorsqu’elle s’est adressée aux députés, avant qu’ils ne votent au scrutin secret pour l’installer en tant que présidente du tribunal.
«L’indépendance et l’autonomie sont des caractéristiques inaliénables du pouvoir judiciaire auxquelles toutes les branches du gouvernement et toutes les couches de la société doivent contribuer», a-t-elle commenté.
Tadevosian a été pressé par plusieurs députés pro-gouvernementaux de commenter le refus systématique des juges arméniens d’autoriser les arrestations avant le procès de personnalités de l’opposition et d’autres militants qui tentaient de renverser le gouvernement du Premier ministre Nikol Pachinian pour sa gestion de la récente guerre avec l’Azerbaïdjan. Elle a refusé de critiquer ces juges.
«Si je n’évite pas, comme vous l’avez dit, de répondre à vos questions aujourd’hui, je devrai éviter de rendre la justice dans ces affaires demain, a justifié Tadevosian. Ce n’est pas ce pour quoi je suis ici. La justice ne sera pas administrée ici. »
Lilit Makunts, leader parlementaire du bloc Mon pas de Pachinian, a salué cette position.
Tadevosian a également été félicitée par Edmon Marukian, chef du parti d’opposition Lumineuse Arménie, pour ne pas «commenter les processus politiques depuis la première place du podium».
Vladimir Vartanian, président de la commission parlementaire chargée des affaires juridiques, a souligné le fait que Tadevosian sera la première femme à diriger une haute cour arménienne. «Si nous voulons des changements révolutionnaires, nous devons également tenir compte de ce fait», a-t-il salué.
