Le gouvernemen arménien s’engage à créer des routes à l’abri de la menace azérie dans le sud de l’Arménie

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Les autorités arméniennes se sont efforcées de rassurer l’opinion arménienne, à commencer par les habitants de la région méridionale du Siounik, directement concernée, concernant la sécurité des axes routiers dont certains tronçons, notamment sur la route Gapan-Goris, chevauchent la frontière arméno-azérie, ramenée à son tracé de l’époque soviétique, depuis que la guerre a permis aux forces de Bakou de prendre le contrôle de territoires jusque là arméniens entre le Haut-Karabagh proprement dit et l’Arménie. Pourtant, malgré la présence de forces de paix russes chargées de sécuriser la zone du conflit et malgré aussi les promesses d’une levée du blocus azéri sur l’Arménie, une telle situation, si elle était concevable dans une Union soviétique dont les Républiques avaient une souveraineté limitée, n’est pas viable à moyen voire long terme, faute d’une normalisation des relations entre les deux pays voisins et ennemis que la dernière guerre, dont les plaies sont loin d’être pansées, n’a fait qu’envenimer. Le gouvernement arménien en a conscience et il s’est engagé à construire, ou réhabiliter, des voies de communication qui contourneraient les zones frontalières hautement sensibles, même si le relief très montagneux et le manque d’espace, dans cette étroite bande de terre qu’est redevenu le Siunik, enclavé entre le Nakhitchevan et le reste de l’Azerbaïdjan, rendent les opérations difficiles. Le Siounik est désormais frontalier des districts de Zangelan et Kubatli au sud-ouest du Haut-Karabagh, qui étaient contrôlés par les Arméniens depuis 1994 et qui sont retombés sous l’autorité de Bakou à la faveur de la dernière guerre. Les unités de l’armée arménienne et les milices locales avaient achevé leur retrait en décembre des parties de districts proches du chef lieu du Siounik, Kapan et de plusieurs autres localités, accroissant l’inquiétude des habitants de la région. Certains de ces territoires sont situés le long de la frontière arméno-azérie tracée à l’ère soviétique mais qui n’avait jamais fait l’objet d’une démarcation précise en raison du conflit du Karabagh. Des responsables régionaux du Siounik et des responsables de l’opposition à Erevan ont accusé le premier ministre Nikol Pachinian de les avoir cédé en toute hâte et illégalité à Bakou. N.Pachinian a souligné de son côté que “pas un pouce” du territoire internationalement reconnu de l’Arménie n’avait été perdu du fait du retrait des troupes arméniennes. Les terrains contestés comprennent une section de 20 kilometres de la route principale reliant Gapan à l’autre grande ville du Siounik, Goris. Une section de 4 kilometres d’une autre grande route provinciale reliant Gapan à plusieurs localités arméniennes a été aussi placée sous contrôle azéri du fait du nouveau tracé. En vertu d’autres arrangements arméno-azéris obtenus après l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, les habitants du Siounik sont théoriquement toujours en mesure de circuler sur ces axes sans aucune restriction. Leur sécurité doit être garantiee par les postes miitaires russes qui y ont été aménagés depuis peu. Faute d’un règlement durable du conflit du Karabagh, nombre d’habitants du Siounik hésitent à emprunter ces axes pour des raisons évidentes de sécurité. Les informations relatives à la présence de garde frontière et de soldats azéris positionnés sur ces sections de routes et surveillant le trafic n’ont fait qu’accroître l’inquiétude des habitants et leur méfiance concernant les assurances prodiguées par les autorités d’Erevan. S’exprimant mercredi dans le Parlement arménien, le ministre de l’administration et des infrastructures territoriales Suren Papikian a promis que de nouveaux axes de contournement seront percés dans cette région méridionale d’autant plus stratégique qu’elle est frontalière de l’Iran qui, avec la Géorgie, est la seule porte de l’Arménie sur le monde. “Dès que les conditions climatiques le permettront, nous commencerons leur construction”, a assuré S. Papikian sans fournir plus de détails. Il est actuellement possible de relier Gapan à Goris par une autre route située plus profondément en territoire arménien. Mais sa section principale, longue de 42 kilometres, n’a été que très peu utilisée depuis le début des années 1990 et nécessite d’importants travaux de réparation. Un projet de reconstruction de 12 kilometres de cette route financé par le gouvernement avait été achevé l‘an dernier, peu avant que n’éclate la guerre arméno-azérie. Le gouvernement prévoit de reconstruire un deuxième tronçon, de 17 kilometre, cette année. “Eu égard à la nouvelle situation, nous avons appelé à la reconstruction de la totalité des 30 kilometres [en 2021]”, a déclaré le maire de Gapan Gevorg Parsian, interrogé par RFE/RL jeudi, en ajoutant que le gouvernement prévoit aussi de construire une autre route qui contournerait le tronçon de 4 kilometres qui dépendent désormais techniquement de l’Azerbaïdjan. Il plaide quant à lui pour un axe de contournement plus long qui pourrait atteindre les villages reculés du Siounik. Le gouvernement prévoirait par ailleurs de réparer une route reliant Gapan à trois autres villages arméniens. Ces nouvelles routes ne répondent toutefois pas à toutes les préoccupations sécuritaires des habitants arméniens des zones frontalières. Certains se retrouvent désormais à quelques centaines de mètres seulement de postes militaires azéris. Dans un village à l’est de Gapan, appelé Siounik, la maison de Martun Arzumanian se trouve séparée de l’Azerbaïdjan par le cours de la rivière Voghji. Et l’on peut voir des soldats azéris observer le village depuis leurs positions sur les hauteurs, si près qu’on les entend parfois parler, s’inquiète Arzumanian cité par RFE/Rl en ajoutant : “La rivière n’est large que de 10 à 12 metres, et ils peuvent même nous jeter des pierres », sinon des projectiles plus mortels. “Comment ne pas s’inquiéter quand l’ennemi n’est qu’à quelque metres ?” s’alarme un autre villageois, Anushavan Sargsian. Un autre village, Shurnukh, a fait parler beaucoup de lui, et pour cause : aménagé le long de la route Gapan-Goris, il s’est retrouvé coupé en deux en vertu des accords de délimitation de la frontière arméno-azérie. Ainsi, 12 maisons de Shurnukh se retrouvent désormais du côté azéri de la frontière, et leurs habitants ont dû évacuer avant que les forces azéries n’occupent les lieux, en décembre. Le gouvernement s’est engagé à les reloger dans de nouvelles maisons.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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