Prospective Géopolitique pour l’Arménie, par Sam Tilbian

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Un peuple apparu au tout début du néolithique il y a plus de 8.000 ans, qui fut à l’origine de l’agriculture des céréales, de la métallurgie du cuivre et du fer, et des langues indo-européennes, est-il voué à vivre dispersé aux quatre coins de la planète, après une occupation constante de sa terre ancestrale jusqu’au Génocide ?
Certes il dut affronter au cours de son histoire de nombreux empires, pour la plupart disparus, il dut aussi subir de nombreuses invasions, mais il est toujours vivant et survivra même si les génocidaires sont encore actifs.

Quel avenir pour l’Arménie
Nous devons impérativement tirer les leçons de l’Histoire.
Si les invasions des barbares seldjouks et autres turcomans constituent la cause principale de l’occupation de notre pays, elles n’en constituent pas la seule cause.
En effet au cours de notre longue histoire, Byzance fut la principale responsable de l’invasion de l’Arménie par les turcs et les kurdes lors de la chute d’Ani ; ce quelle devait payer très cher par sa disparition.
La deuxième responsable fut la Russie qui par le traité de Brest Litovsk et le traité de Moscou livra le pays aux turco-azéris.
Politique aveugle qu’elle poursuit actuellement en nouant une alliance illusoire avec une Turquie duplice pour la détacher de l’OTAN.
Les troisièmes responsables sont les Occidentaux : USA, Angleterre, France et Italie, qui à l’issue de la première guerre mondiale ont honteusement abandonné leur alliée pour de vils intérêts. Occidentaux (la Finance), qui ont sacrifié le civilisationnel pour le profit; et qui de ce fait , on l’a vu lors de l’agression des turco-azéris se sont retrouvés de fait complices des agresseurs, par leur silence assourdissant face aux crimes commis par les génocidaires.

Jusqu’à ce jour, l’Arménie qui louvoie avec une politique étrangère de complémentarité, perd sur tous les tableaux, prise en otage qu’elle est dans le Grand Jeu des puissances qui toutes n’ont aucune intention de la soutenir.

Seule un renforcement de son économie et de sa puissance militaire peut la prémunir des forces hostiles qui l’entourent, dont la Géorgie, qui faut-il le rappeler s’allia avec l’Allemagne lors de la première guerre mondiale, même si elle est partiellement issue de la même culture Kouro-Araxe que l’Arménie, et qu’elle doit son unité aux Bagratides, Zakarian (Ardzouni) et Orbélian (Mamikonian).

L’Arménie profite–elle de ses richesses minières ?
Profite–elle de l’envolée du prix du cuivre et du molybdène dont les prix ont doublé en une année, et vont encore doubler ou tripler dans les mois à venir ?
Est-il normal que le pays ne profite pas de ses maigres richesses minérales tels le cuivre et le molybdène, avec le développement d’une industrie de transformation à haute valeur ajoutée, qu’un gouvernement indépendant pourrait imposer avec menace de nationalisation, indemnisée en drams ?
Profite-elle de tout son potentiel intellectuel dans les nouvelles technologies en matière militaire ?

Il est devenu urgent de rechercher des accords économiques et des alliances avec les puissances émergentes ayant une convergence d’intérêts avec l’Arménie.
Deux candidats apparaissent avec ce profil: la Chine et l’Inde, qui toutes deux sont assurées de devenir dominantes très prochainement, face à un Occident décadent et une Russie soumise aux assauts militaires et culturels de l’Occident, en déperdition démographique, et qui de ces faits, mène une politique des plus erratique.
La Chine et l’Inde qui comme l’Arménie sont confrontées à la menace turco-islamiste, des ouïghours soutenus par la Turquie, et du Pakistan qui participa à l’invasion de l’Artsakh; même si la Chine et l’Inde sont parfois amenées à composer pour préserver leurs intérêts économiques.

Bien sûr on ne peut se défaire de l’alliance russe d’un trait de plume. La Russie dispose par son alliance (?) avec l’Arménie, d’une présence disputée au Sud Caucase, elle cherche aussi par tous moyens à maintenir l’ Azerbaïdjan sous son influence, avec pour conséquence un rapprochement périlleux avec les turco-azéris.
C’est dans la perspective d’un bouleversement géopolitique qui affectera toute la région, qu’il est urgent pour l’Arménie d’établir des relations culturelles, économique et militaires avec la Chine, l’Inde et l’Iran; et au-delà avec la Grèce, Chypre et la Syrie .

D’établir aussi des relations avec les Kurdes, qui sont depuis la plus haute antiquité, de la même origine (asianique-Trialétien) que les arméniens. Ils furent sujets de l’Ourartou (les Kardukhiens) et désignés Korduk’, ils constituèrent la sixième province de l’Arménie Historique, la Corduene ( Gordyène).
Même s’ils se sont souvent fourvoyés avec l’islamisme en participant au Génocide, bernés qu’ils furent par l’idéologie du turkmène Zia Kokalp, ils prirent conscience plus tard que leurs véritables ennemis sont les turcs; surtout après les fausses promesses d’Ismet Inönü lors de la Conférence de Lausanne, qui leur fit miroiter une souveraineté.
Faut-il rappeler que des kurdes se rallièrent aux russes contre les ottomans, lors des guerres russo-turques de 1828-1829 et de 1877-1978; que les kurdes de Wekîl Mustafayev combattirent les azéris aux côtés des arméniens lors de la reconquête de Latchine en 1992; et que Barzani trouva refuge en Arménie.

Ce n’est qu’avec les kurdes que la reconquête de l’Arménie Occidentale peut se concevoir, même si ces derniers sont divisés.
J’ai conservé une étude intitulée «Pour une restructuration de l’Asie Mineure» éditée en 1972 par l’Union des Étudiants Arméniens d’Europe.
C’est dans l’esprit de cette étude que l’Est de l’Asie Mineure doit être remodelé, entre l’Arménie et le Kurdistan, par une Fédération ou Confédération dans laquelle trouveront leurs places les Arméniens, les Kurdes, les Alévis, les Grecs Pontiques, les Assyro-chaldéens et même les Turcs.
C’est une perspective que la diaspora doit faire partager par toutes les victimes du turquisme; et j’ai pu constater le 10 août dernier, à la Manufacture de Sèvres, la convergence de notre combat avec les kurdes, lors la commémoration du centenaire du Traité de Sèvres, où une délégation kurde était présente.

Sam Tilbian

La rédaction
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