Patrimoine arménien en péril : Madrassa

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Madrassa [Մատրասա], l’un des plus célèbres villages arméniens du nord-ouest de l’Azerbaïdjan était situé à 7 km au sud-ouest de la ville de Chamakhi, capitale de la région. Le village était l’une des 48 localités du diocèse arménien historique de Chamakh (ou Chirvan), qui comptait 39 églises et deux monastères avant 1918. Avec l’indépendance de l’Azerbaïdjan, le siège du diocèse est transféré à Bakou élevé au rang de capitale.
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L’existence du village de Madrassa est attestée dès 1403. Après le traité de Turkmentchaï, de 1828, nombre d’Arméniens quittent la Perse pour s’installer dans l’Empire russe. Un groupe d’entre eux originaires de la région d’Ispahan s’installe à Madrassa. Une grande église dédiée à la Mère de Dieu y est édifiée en 1860. Un manuscrit (Evangile) copié en 1605 dans la région du Moks (Vaspourakan) y était conservé. Sa population parlait alors un dialecte persan et l’Arménien. La viticulture constituait l’activité traditionnelle des villageois.
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Avant l’expulsion massive des Arméniens d’Azerbaïdjan dans les années 90 du 20ème siècle, la localité comptait 340 foyers, près de 1700 arméniens, dont une partie était d’origine Tate (un petit peuple de la région, converti au christianisme par les Arméniens en même temps que les Oudis).

En 1918, lors de l’offensive conjointe de l’armée turque et des Musavatistes (nationalistes azéris) Madrassa où les populations de 16 villages arméniens voisins s’étaient réfugiés devient l’un des haut-lieux de la résistance arménienne. Le village fini par tomber au terme d’une lutte héroïque de trois jours. S’en suit le massacre de sa population et son pillage. Reconstruit après l’instauration du pouvoir soviétique, Madrassa devient alors l’un des villages les plus peuplés et les plus prospères de la région jusqu’à la Première guerre d’Artsakh. Un célèbre vin nommé «Madrassa» qui a fait sa renommée est y toujours produit de nos jours.
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En 1991- 1992, après leur expulsion d’Azerbaïdjan, une partie des villageois trouve refuge en Arménie sur le territoire de la commune de Chamiram près d’Achdarag (Région d’Arakadzodn). Ils fondent là un nouveau village qu’ils baptisent «Tbrévank» [Դպրեվանք], traduction en arménien du nom Madrassa qui désigne en persan une école religieuse. Les volontaires de l’Organisation Terre et Culture participent alors à la construction des maisons du nouveau village.
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En 2016, Samvel Karapetian (1961-2020), le grand spécialiste de l’architecture arménienne ancienne aujourd’hui disparu, présentait dans son ouvrage «Բուն Աղուանք» [La vraie Albanie] l’église et annonçait sa destruction.

Une illustration supplémentaire de l’esprit de tolérance qui caractérise l’Azerbaïdjan.

Sahag Sukiasyan

La rédaction
Author: La rédaction

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