Le président russe Vladimir Poutine a demandé vendredi à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan de préserver un traité en vigueur considéré comme plus favorable au passage des navires de guerre russes par les détroits turcs de la mer noire.
Cette demande fait suite à la volonté du président turc de construire un nouveau canal à Istanbul qui, selon Ankara, permettra de soulager le Bosphore, l’un des détroits les plus congestionnés au monde.
Mais ce projet pourrait, selon ses opposants, compromettre la Convention de Montreux de 1936, qui garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, en temps de paix et de guerre.
Point important pour Moscou : ce traité impose aussi des restrictions moins importantes au passage par ces détroits des navires de guerre des pays riverains de la mer Noire, dont la Russie fait partie.
Selon des observateurs, une remise en question éventuelle du traité pourrait donc faciliter l’accès à la mer Noire des navires de guerre de pays non-riverains, comme les Etats-Unis et des membres de l’OTAN, ce que Moscou voit d’un mauvais oeil.
« Concernant le projet turc de construction du Canal Istanbul, la partie russe a souligné l’importance de préserver, pour assurer la stabilité et la sécurité régionale, le régime en vigueur dans les détroits de la mer Noire basé sur la Convention de Montreux », a indiqué vendredi le Kremlin dans un communiqué.
Ce communiqué suivait un appel téléphonique entre MM. Poutine et Erdogan.
Il intervient alors que la diplomatie turque a annoncé vendredi le passage prochain de deux navires de guerres américains dans le Bosphore pour serendre en mer Noire, sur fond de montée des tensions entre l’Ukraine et la Russie.
Les deux navires traverseront le Bosphore séparément les 14 et 15 avril vers la mer Noire, et les 4 et 5 mai dans le sens inverse, a précisé Ankara.
La Convention de Montreux oblige les pays non riverains à annoncer 15 jours au préalable le passage de leurs navires de guerre, contre 8 jours pour les pays riverains.
Par ailleurs, selon ce traité, les navires militaires d’Etats non riverains ne peuvent rester dans la mer Noire que 21 jours d’affilée au maximum.
Les navires de la flotte russe de la mer Noire basée à Sevastopol (Crimée) doivent eux aussi franchir le Bosphore pour accéder à la Méditerranée.
Moscou, 9 avr 2021 (AFP) –