Et de trois! Après Robert Kotcharian, qui a formé une alliance avec la FRA Dachnaktoustioun et le tout jeune parti Renaissance en vue de participer aux législatives anticipées du 20 juin, après Serge Sarkissian dont le Parti républicain d’Arménie (HHK) anciennement au pouvoir est entrée en lice pour le scrutin en formant, le même week end, une alliance baptisée (Badiv Ounem – Je suis digne) avec le Parti Patrie d’Arthur Vanetsian, chef du Service de sécurité nationale jusqu’en septembre 2019, c’est au tour d’un autre ancien president, le premier de l’Arménie indépendante Levon ter Petrossian d’annoncer sa participation à ces élections, à l’issue du congrès ce week end à Erevan de son parti d’opposition Congrès national arménien (HAK). Situation inédite, les trois anciens presidents arméniens entrent donc dans une course électorale il est vrai cruciale, mais séparément, l’appel de Ter Pétrossian aux deux autres anciens presidents à mettre de côté leurs rivalités et hostilités passées pour unir leurs forces dans l’objectif commun et vital pour la sécurité de l’Arménie de “sortir” Nikol Pachinian, n’ayant pas trouvé d’écho. L. Ter Petrossian a néanmoins précisé que la decision finale concernant la participation du HAK aux élections sera formulée cette semaine, à l’issue d’une reunion des délégués de son instance dirigeante autour de cet ordre du jour. Il a présenté son parti, qui n’est plus représenté au Parlement depuis les législatives de 2017 et n’avait pas participé aux législatives anticipées de décembre 2018 remportées triomphalement par l’alliance Im Kayl de Pachinian, comme le parti de la “raison dans la cacophonie ambiante”, dont la flamme doit briller dans le future Parlement. Il a rappelé que la priorité pour le HAK était d’empêcher une réelection de Pachinian, mais aussi d’empêcher un retour de Robert Kotcharian au pouvoir. Dans un effort pour expliquer la surprenante proposition qu’il avait formulée d’une troika des ex-présidents unis pour le scrutin, il a fait comprendre qu’il avait notamment pour objectif d’endiguer les ambitions de Kotcharian, aucun des trois ex-présidents en lice ne devant briguer le poste de premier ministre selon le format d’alliance qu’il proposait. Après le refus quasi immédiat de Kotcharian, Ter Petrossian s’était rabattu sur une alliance avec le seul S. Sarkissian, qui avait lui aussi decliné l’offre. Mais si Kotcharian, qui se posait en avril déjà, comme le principal adversaire de Pachinian, espère prendre la succession de ce dernier au poste de premier ministre à la faveur des élections, Sarkissian a fait clairement savoir qu’il ne briguerait pas cette fonction, qu’il laisse à son allié Vanetsian. Dans son discours au congrès du HAK, l’ancien president âgé de 76 ans, n’a pas ménagé ses deux successeurs, qu’il a accusés d’être guidés par leurs ambitions politiques plutôt que pas les intérêts nationaux. Il s’en est pris surtout à Kotcharian, qui l’avait poussé à la demission en 1998, en affirmant qu’il était surout animé par un désir de “revanche” sur Pachinian. Quant à S. Sarkissian, il estime qu’il pense avant tout aux intérêts de son parti, le HHK, qu’il veut voir siéger dans le nouveau Parlement. Il n’a pas ménagé non plus ses deux ex-alliés potentiels sur la question de la guerre et de la défaite face à l’Azerbaïdjan. S’il avait renoué avec eux le contact au plus fort de cette guerre dont ils rejetteront la responsabilité de l’issue désastreuse sur N. Pachinian, comme d’ailleurs l’ensemble de l’opposition, Ter Pétrossian a tenu à souligner dimanche que Kotcharian et Sarkissian étaient eux aussi responsables de cette guerre et de la défaite qui l’a sanctionnée. Il a affirmé qu’ils s’étaient opposés à des solutions de compromis au conflit du Karabagh pendant leur double décennie de mandat.
