Attendant un vote de défiance du conseil municipal d’Erevan annoncé pour mardi 21 décembre, Hayk Maroutian qui est assuré de perdre la mairie de la capitale arménienne qu’il occupait depuis plus de trois ans, a laissé parler un de ses porte-paroles pour prendre sa défense et affirmer que c’est sa trop grande popularité qui lui aurait valu la disgrâce du parti Contrat civil de Nikol Pachinian, dont il fut l’allié dès les premières heures de la révolution de velours. Le parti dirigé par le premier ministre arménien avait officiellement annoncé vendredi sa décision de remplacer Maroutian par l’un de ses adjoints. Le parti au pouvoir contrôle au moins 54 des 65 sièges du Conseil municipal de Erevan, qui a le pouvoir d’élire et de démettre les maires de la capitale. Le conseil doit voter mardi, ou mercredi, la motion de défiance proposée par sa majorité pro-gouvernementale. Dans un communiqué diffusé à l’issue d’une rencontre avec Pachinian vendredi, les leaders de la majorité avaient fait savoir que Maroutian avait quitté les rangs du Contrat civil en décembre 2020, soit au lendemain de la capitulation arménienne dans la guerre du Karabagh qui avait donné lieu à d’importantes manifestations anti-Pachinian à Erevan, et ne dirigeait plus la capitale arménienne « avec l’efficacité requise”. Un porte-parole de Maroutian, Hakob Karapetian, avait toutefois ouvertement mis en doute dimanche les arguments avancés par le parti au pouvoir pour destituer le maire. “Grâce au travail effectué pendant ces trois années, le maire Hayk Maroutian a pu obtenir la confiance de ses administrés, et je pense qu’il faudrait chercher les vraies raisons à l’œuvre dans tout ce processus”, a-t-il déclaré, cité par le Service arménien de RFE/RL. Karapetian a aussi accusé les membres du conseil d’avoir accordé leur loyauté à Pachinian en sabotant les efforts du maire en vue d’améliorer les transports publics. Il en veut pour preuve qu’ils auraient tenté en février dernier d’empêcher l’acquisition de centaines de nouveaux bus destinés à la capitale. Certains membres du conseil affiliés au bloc Im Kayl (Mon pas) dont le Contrat civil est le pivot ont pourtant ouvertement exprimé leurs désaccords concernant la mesure frappant Maroutian. Deux d’entre eux, Grigor Yeritsian et Gayane Vartanian, ont d’ailleurs démissionné du conseil municipal en signe de protestation. Yeritsian a indiqué lundi que les relations entre le maire et les autorités politiques d’Arménie étaient tendues avant même que n’éclate en septembre 2020 la guerre du Karabagh qui provoquera une crise politique majeure dans le pays. Il a précisé qu’après la défaite de l’Arménie dans cette guerre, Maroutian n’avait pas annoncé publiquement sa décision de quitter le parti au pouvoir à la demande de l’entourage de Pachinian. Maroutian, âgé de 45 ans , est un ancien acteur vedette de la télévision arménienne qui a pris une part active à la “révolution de velours” qui porta Pachinian au pouvoir en mai 2018. Il avait été choisi par Pachinian pour conduite la liste de Im Kayl aux municipales de Erevan en septembre 2018 où la victoire écrasante de son poulain l’avait encouragé à convoquer quelques semaines plus tard en décembre 2018 les législatives anticipées qui devaient renforcer son pouvoir. Choisi il y a trois ans en grande partie pour sa popularité à l’écran, Maroutian se dit aujourd’hui victime d’une popularité qu’il aurait acquise sur la scène politique. L’avenir dira s’il a conservé sa popularité sur l’une ou l’autre scène…
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