Après la réunion d’une heure et demie vendredi 14 janvier entre les deux négociateurs, l’agence Anadolu a demandé à des experts turcs leur sentiment sur ces négociations. Ils sont d’accord pour dire que les discussions restent « fragiles. »
Nigar Goksel, expert en géopolitique du Caucase du Sud et directrice pour la Turquie de l’International Crisis Group, a qualifié la publication de la même déclaration par les deux pays après la rencontre de « premier pas positif », même si elle « ne révèle pas grand-chose. » « Maintenant qu’il existe un canal direct, le risque que les messages publics soient mal interprétés est diminué. », a-t-elle ajouté. « Le processus de normalisation se déroulera probablement étape par étape, l’idéal étant d’instaurer la confiance en cours de route entre la Turquie et l’Arménie et de veiller à ce que tous les autres voisins soient traités de manière positive ». Elle pense que les prochaines réunions se dérouleront à Ankara ou Erevan et que la position d’Aliev compte : « Les déclarations publiques de Bakou sont favorables, et cela compte pour l’opinion publique turque. » Mais, prévient-elle, les négociations restent car une éventuelle « escalade entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pourrait affecter négativement les négociations entre la Turquie et l’Arménie. »
Yildiz Deveci Bozkus, universitaire turc spécialiste des études arméniennes de l’université d’Ankara, a également déclaré à Anadolu que le processus de normalisation entre Ankara et Erevan est « très fragile. »
Selon Bozkus, le fait que les ministères turc et arménien aient fait des déclarations identiques est « très important », car cela montre que les deux parties « sont sur la même longueur d’onde. » Mais « le processus est très fragile, les mesures doivent être prises très prudemment ». « L’opinion publique a émergé au sujet de cette réunion tant à l’Ouest qu’à l’Est. En fait, surtout quand on regarde les Etats-Unis, il y a des rapports selon lesquels (le président américain Joe) Biden a reçu des lettres critiquant la Turquie sur les pourparlers et que la diaspora arménienne a créé une pression. À cet égard, nous pouvons dire que le processus est fragile ».
Soulignant l’importance de la poursuite des négociations sans conditions préalables, Bozkus a déclaré qu’une telle démarche montre que « les événements de 1915 seront discutés dans la prochaine période, mais pas dans un avenir proche. Dans le cadre des étapes de normalisation, l’ouverture des frontières, l’énergie et les transports seront abordés en premier lieu. Entre-temps, les événements de 1915 sont soit mis de côté, soit reportés à une date ultérieure. »
Bozkus a également attiré l’attention sur la nécessité de normaliser les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, affirmant que le succès des pourparlers entre Ankara et Erevan en dépend.
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