Le Sénat uruguayen a décidé mardi 3 mai, à l’unanimité, de ne pas donner son avis et son consentement concernant la nomination d’Hugo Cayrús comme prochain ambassadeur du pays à Ankara, suite aux incidents embarrassants provoqués à Montevideo par le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, rapporte MercoPress.
La décision a été prise par la sénatrice d’opposition du Front large (Frente Amplio – FA), Liliam Kechichian, à la demande de laquelle la Chambre haute a accepté de renvoyer le dossier à la commission des affaires internationales.
Cayrús « est un ambassadeur de carrière pour lequel nous avons une grande estime, c’est plutôt une raison d’opportunité », a expliqué Mme Kechichian, qui a déjà admis qu’elle préférerait que cette nomination soit parallèle à celle de l’ambassadeur en Arménie.
Çavuşoğlu avait fait le signe du oupe d’extrême droite turc des Loups gris, à un groupe d’Arméniens qui s’opposaient à sa présence dans la capitale uruguayenne, quelques jours avant la commémoration du anniversaire du génocide arménien perpétré en 1915 par l’Empire ottoman, dont Ankara a reconnu être l’héritier.
Le ministre turc était à Montevideo pour assister à l’inauguration de la nouvelle ambassade et aussi pour signer les documents marquant le début des négociations en vue d’un accord bilatéral de libre-échange (ALE).
Le Sénat attend maintenant que le ministre des affaires étrangères, Francisco Bustillo, fasse un rapport sur l’état actuel des relations avec la Turquie après l’incident. M. Cayrús s’est déjà présenté il y a quelques semaines devant la commission des affaires internationales du Sénat pour présenter son curriculum vitae et un plan de travail.
Plus tôt cette semaine, Çavuşoğlu a soutenu que son geste était « la réponse nécessaire » aux « attitudes désagréables » des manifestants. »
« Après ces attitudes inacceptables et désagréables, nous avons donné la réponse nécessaire », a déclaré Çavuşoğlu, selon le média turc Hurriyet.
Le ministre a également précisé qu’il ne considérait pas son attitude comme une insulte. « Nous avons dit que nous devions nous tourner vers l’avenir », a-t-il ajouté.
Un avenir qui donc, une fois de plus, s’appuie sur la violence et une idéologie fascisante.