La Banque centrale a sensiblement revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2022, mardi 14 juin, en déclarant que l’économie russe se porte mieux que prévu après les sanctions paralysantes imposées par l’Occident.
Elle a également précisé qu’elle n’interviendra pas pour inverser ou arrêter une forte appréciation de la monnaie nationale, le dram, qui a commencé quelques semaines après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février.
La banque a prédit à la mi-mars que la croissance économique de l’Arménie ralentirait à 1,6 % cette année en raison des retombées anticipées du conflit. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale prévoient des taux de croissance encore plus faibles, soulignant les liens économiques étroits de l’État du Caucase du Sud avec la Russie.
Le gouverneur de la banque centrale, Martin Galstian, a déclaré que l’économie arménienne était désormais en passe de connaître une croissance de 4,9 % en 2022.
« Cela est principalement dû à la présence de visiteurs étrangers en Arménie et aux performances à court terme de l’économie russe, qui ne sont pas aussi mauvaises que nous l’avions prévu », a déclaré M. Galstian lors d’une conférence de presse.
Les visiteurs qu’il a mentionnés comprennent vraisemblablement des milliers de Russes qui se sont installés en Arménie et/ou y ont ouvert des comptes bancaires après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Environ 27 000 étrangers, pour la plupart des citoyens russes, ont ouvert des comptes bancaires arméniens du 24 février à la fin du mois de mars. Cela semble expliquer pourquoi les entrées de devises fortes en Arménie ont doublé en avril, selon la Banque centrale.
Les données du gouvernement arménien montrent que la croissance du PIB s’est accélérée pour atteindre 8,6 % au premier trimestre de cette année et qu’elle s’est poursuivie sans relâche en avril, grâce à la forte progression des secteurs des services et de la construction.
« Un afflux considérable de visiteurs étrangers et une hausse des dépenses privées internes contribuent à stimuler le secteur des services et la demande globale des consommateurs », a déclaré M. Galstian.
Il a également mis en garde : « Le Conseil de la Banque centrale estime que les perspectives macroéconomiques restent très incertaines en raison des développements géopolitiques. »
L’Arménie est également très dépendante des envois de fonds de plusieurs millions de dollars de centaines de milliers de ses citoyens travaillant en Russie. Le rouble russe est aujourd’hui plus fort qu’il ne l’était avant la guerre, ayant plus que regagné sa valeur perdue fin février et début mars.
Le dram arménien s’est également renforcé de près de 24 % par rapport au dollar américain depuis la mi-mars. Son appréciation continue suscite des inquiétudes croissantes parmi les entreprises arméniennes orientées vers l’exportation et alimente les appels à l’intervention de la Banque centrale.
M. Galstian a déclaré que la banque ne réduirait pas les taux d’intérêt et n’interviendrait pas sur le marché national des devises pour réduire la valeur du dram. Il a fait valoir que le renforcement du dram atténue quelque peu les pressions inflationnistes externes aggravées par la guerre en Ukraine.
« En affaiblissant artificiellement le dram, nous créerions une situation inflationniste encore pire qui toucherait tous les citoyens, y compris les exportateurs », a déclaré M. Galstian.
Plus tôt dans la journée, le conseil de la Banque centrale a décidé de maintenir son taux d’intérêt de référence inchangé à 9,25 %. Selon la banque, l’inflation des prix à la consommation en Arménie a continué à augmenter en mai, atteignant un taux annuel de 9 %.
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