L’assignation à résidence de la pop star turque Gülsen, accusée d' »incitation à la haine » pour avoir moqué sur scène les écoles religieuses, a été levée lundi par un tribunal d’Istanbul, ont annoncé les médias turcs.
La chanteuse de 46 ans, de son vrai nom Gülsen Bayraktar Colakoglu, avait été assignée à résidence le 29 août dernier dans l’attente de son procès après avoir été incarcérée pendant quatre jours à la prison stambouliote de Bakirkoy.
Interdite de quitter le territoire avant de comparaître en justice le 21 octobre prochain, elle encourt plusieurs années de prison.
Son arrestation fin août avait provoqué de vives réactions en Turquie.
Lors d’un concert en avril, Gülsen avait déclaré que la « perversion » de l’un de ses musiciens était due à son éducation dans une école Imam Hatip, provoquant un salve de rires dans le public.
Ces établissements religieux du secondaire, dont le président turc Recep Tayyip Erdogan fut un élève, ont fleuri depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 de son parti islamo-conservateur AKP.
Un extrait de la scène était devenu viral sur les réseaux sociaux la semaine dernière, suscitant l’indignation de cadres du parti au pouvoir, à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle.
« Ceux qui insultent les valeurs sacrées de notre nation ne pourront pas échapper à leur responsabilité », a déclaré lors d’un discours lundi soir le président Erdogan, en référence aux poursuites engagées contre la pop star, sans pourtant la mentionner.
« Pendant des années, ils ont essayé d’exclure mon peuple », a-t-il ajouté, dans une allusion aux décennies de règne des élites laïques occidentalisées sur la Turquie.
Célèbre pour ses tenues jugées audacieuses par une partie des Turcs et pour son soutien aux droits de la communauté LGBTQ+, Gülsen est une artiste connue en Turquie, pays presque exclusivement musulman mais constitutionnellement laïque.
D’autres artistes turcs se sont retrouvés ces derniers mois dans le viseur des conservateurs. Certains ont vu leurs concerts annulés en raison de comportements jugés « inappropriés » ou parce qu’ils chantent dans une langue régionale.
Istanbul, 12 sept 2022 –