Les autorités arméniennes du Haut-Karabagh ont accusé les forces azéries d’avoir ouvert le feu sur deux villages du Karabagh lundi 12 septembre sur fond de tensions croissantes dans la zone du conflit du Karabagh. L’ombudsman du Karabagh, Gegham Stepanian, a indiqué que les villages arméniens de Karmir Shuka et Taghavard avaient été pris sous le feu des forces de l’Azerbaïdjan pendant quelque 30 minutes. Les tirs d’armes automatiques ont endommagé trois habitations mais n’ont heureusement pas causé de victimes, a précisé l’observateur des droits de l’homme de l’Artsakh qui a posté sur Facebook les images des dommages causés par ces tirs, qui viennent étayer le dossier épais des preuves des efforts déployés par Bakou pour “terroriser les gens vivant en Artsakh et perturber leurs vies et activités quotidiennes”. Le ministère de la défense de l’Azerbaïdjan a pour sa part démenti comme à l’accoutumée, affirmant que ses troupes n’avaient pas fait feu sur Karmir Shuka et Taghavard. Comme à son habitude, il a affirmé, tout en niant les informations arméniennes, que l’armée arménienne ainsi que les forces arméniennes du Karabagh auraient tiré sur ses positions dans la soirée de dimanche, ce dont il faudrait induire que les forces azéries n’auraient pas riposté aux prétendus tirs arméniens. Les autorités militaires tant à Erevan qu’à Stepanakert ont démenti les allégations de Bakou. Le ministère arménien de la défense a insisté sur le fait que la situation le long de la frontière arméno-azérie restait “relativement stable”. Bakou a prétendu que les Arméniens multipliaient les violations de la trêve le long des districts de Kelbajar et de Latchine situés entre l’Arménie et le Karabagh et ce à un rythme quotidien depuis la rencontre des dirigeants des deux pays à Bruxelles le 31 août. Erevan a récusé de telles allégations. Samedi, le ministre azerbaïdjanais de la défense Zakir Hasanov avait convoqué une réunion d’urgence avec les plus hauts commandants de l’armée azérie auxquels il aurait donné l’ordre de se tenir prêts à répondre aux “provocations des forces armées arméniennes au Karabagh et le long de la frontière arméno-azérie”. Hasanov avait eu une réunion similaire peu avant les violentes attaques sur le Karabagh lancées le 3 août. Les deux villages du Karabagh avaient déjà été visés par des tirs azéri le 28 juillet. Selon les spécialistes arméniens, ces dernières allégations de Bakou pourraient laisser présager une nouvelle éruption de violence dans la zone du conflit du Karabagh. Edmon Marukian, un ancien responsable de l’ opposition qui a désormais le statut d’ambassadeur itinérant a appelé lundi à une “réaction ciblée” de la part de la communauté internationale, estimant que cela pourrait dissuader Bakou de préparer une nouvelle escalade des tensions. Alen Simonian, le président du Parlement arménien, a signalé de son côté, que Bakou faisait monter les tensions de manière systématique dans la zone du conflit dans le but d’obtenir des concessions majeures de la partie arménienne. “Que l’on ne donne à quiconque l’impression que nous pensons que toutes les questions ont été réglées ou quoi que ce soit de ce genre”, a indiqué Simonian devant les journalistes en ajoutant : “Nous nous attendons toujours à des provocations de la part de l’ Azerbaïdjan”. Dans le même temps, Simoniana a récusé les suppositions selon lesquelles ces tensions croissantes résulteraient de l’apparent manque de progrès constaté lors du dernier sommet réunissant le premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à Bruxelles le 31 août sous l’égide du président du Conseil européen Charles Michel. Le 3 septembre, le ministre arménien des affaires étrangères Ararat Mirzoyan avait accusé l’Azerbaïdjan de tronquer les résultats de ce sommet. Mirzoyan avait aussi accusé Bakou de “chercher à torpiller le processus de paix et de poursuivre sa politique de nettoyage ethnique par l’usage de la force”.
