Des Casques bleus ou des armes

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Reste-t-il encore une capacité d’indignation face à des abominations qui, relevant d’une même logique, se répètent inlassablement ? L’agression turco-azerbaïdjanaise du 13 septembre contre l’Arménie pose la question, tant elle exhale un parfum de déjà vu, jusqu’à saturation. Une nouvelle fois, comme c’est récurrent depuis au moins 130 ans, le totalitarisme panturc s’en est encore pris aux Arméniens qui sont à ses obsessions ce que les Juifs étaient à celles des  nazis.  Aussi n’y a-t-il dans cet assaut militaire à grande échelle contre le territoire de l’Arménie rien que de très ordinaire. Une banalité de l’horreur qui explique peut-être, entre autres raisons, la relative indifférence médiatique sur le sujet. Cette agression est un train qui arrive à l’heure, en quelque sorte. Jusque dans le nombre de morts arméniens. Cent par jour. Voilà le tarif, à l’unité près. La guerre des 44 jours en avait fait 4400. Celle des 13 et 14 septembre se chiffre à deux cents.
La surprise, la seule vraie surprise, serait d’entendre un jour une parole de paix, d’apaisement, de conciliation, une main tendue de l’axe Ankara-Bakou vers les Arméniens. Il faudra encore patienter. Car depuis au moins 130 ans les forces du panturquisme ne laissent entendre que fureur et haine, depuis les ordres de Talaat d’exterminer tous les Arméniens, « sans écouter les sentiments de la conscience » précisait-il, jusqu’à ses fils « spirituels » Erdogan et Aliev, ce dernier ayant proclamé publiquement sa volonté de les chasser comme des chiens. 
Acte leur soit toutefois donné de leur franchise.  Combien de fois ces deux dictateurs ont-ils menacé le Karabakh d’une guerre sans merci avant finalement de la déclencher le 26 septembre 2020 ? Aussi, faut-il leur faire crédit de leur détermination lorsqu’ils convoitent publiquement le Siounik. D’autant, que ces criminels ont les moyens de leurs ambitions avec 100 millions de turco-azéris contre 3 millions d’Arméniens. «  Ou vous nous ouvrez le corridor, ou nous l’ouvrirons nous-même en occupant le sud de l’Arménie  », proclament-ils ouvertement, se fichant du droit international tant ils sont sûrs de vaincre sans péril.
Compte tenu de ces réalités,  il y a hélas fort à parier que ces événements ne constituent qu’un galop d’essai. Comme l’invasion de la République du Haut-Karabakh avait été précédée deux mois auparavant d’une attaque-test qui cherchait à mesurer les capacités de défense de l’Arménie et à en tirer les enseignements pour la vraie bataille. 
L’impérialisme turco-azerbaïdjanais lorgne pour l’instant vers le Siounik, le sud de l’Arménie. Mais ne nous leurrons pas. Ses visées racistes et criminelles n’auront perdu leur objet, qu’avec la disparition du dernier Arménien vivant dans la région. Aliev ne fait d’ailleurs même plus l’effort de cacher ses prétentions sur Erevan, la capitale de l’Arménie ! Ainsi va la logique génocidaire.
Aussi, serait-il parfaitement illusoire d’espérer que le cessez-le-feu en cours change la donne, celle-ci étant consubstantielle à la nature intrinsèque de prédateurs biberonnés depuis 100 ans au panturquisme et à ses corollaires de purification ethnique et/ou de djihadisme. Rien n’a changé depuis 1915, pour ne pas remonter plus loin. Nous avons toujours en face de nous les mêmes autocrates sanguinaires qui assouvissent leurs délires mégalomaniaques en exterminant les Arméniens, en bombardant les Kurdes, en occupant Chypre, en menaçant la Grèce, quand bien même est-elle alliée de la Turquie dans l’OTAN.
Que faire face à une telle engeance ? La France a saisi le Conseil de Sécurité. Merci à elle. C’est un premier pas. Mais tellement insuffisant ! Compte tenu de la gravité et l’urgence du moment,
il n’y a qu’une alternative pour sauver l’Arménie : l’envoi de Casques bleus internationaux sur ses frontières, ainsi qu’autour du Haut-Karabakh, puisque visiblement les Russes ne sont pas fiables, ou un armement massif du pays comme on l’a fait pour l’Ukraine. Il serait insupportable de rester les bras croisés devant l’agonie d’un peuple qui en est réduit à se battre à un contre trente, puisque c’est à peu près le rapport de force, en étant de surcroît désarmé. 
Laisser l’Arménie dans cette situation serait se faire complice d’un nouveau crime contre l’humanité programmé. Et ce serait, en ce sens, non seulement trahir nos valeurs, non seulement nous humilier, mais aussi creuser notre propre tombe, car ces forces qui veulent aujourd’hui tuer la liberté en Arménie, au Karabakh ou au Kurdistan, se tourneront, un jour ou l’autre contre l’Europe, pour tuer cette même liberté. 
De grâce ne nous laissons plus abuser par ces faux débats autour du droit à l’autodétermination ou du respect de l’intégrité territoriale des États, qui ne servent qu’à amuser la galerie, à faire diversion. Aliev, en moins de deux ans, a ouvertement violé l’un et l’autre de ces deux principes du droit international, contre le Karabakh pour celui à l’autodétermination et contre l’Arménie, pour celui à l’intégrité territoriale.  Les forces du panturquisme méprisent la légalité. Elles ne poursuivent qu’un seul but, devenir la première puissance régionale, puis mondiale. Une ambition qui commence avec la mort de l’Arménie,
Le moment est venu d’être courageux et lucide. D’arrêter la politique de l’autruche et de se donner les moyens de nous défendre collectivement. Un chemin qui passe par un soutien total à l’Arménie, première ligne de front du combat contre la barbarie.

Ara Toranian

La rédaction
Author: La rédaction

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