L’art au service du développement et de la volonté de résistance

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Hartashen est un village qui, avant la guerre de 2020, se désertifiait déjà, mais, après la capitulation de novembre 2020, il est devenu un village frontalier de l’Azerbaïdjan. Situé à 10 km de Goris dans le Syunik, la nouvelle démarcation passe désormais à deux pas de ce village fort de quelque 700 âmes. L’association Muscari et son partenaire la Fondation Family Care ont décidé d’y faire essaimer leur savoir-faire dans le domaine de l’artisanat d’art pour contribuer à redonner espoir à ces villageois à travers des actions concrètes de formation. Une très belle exposition s’est tenue le 26 octobre 2022 pour mettre en valeur ces créations qui ressuscitent le savoir-faire arménien ancestral. Car l’art, c’est aussi le développement, l’espoir, et la vie qui s’enracine de nouveau.
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L’ancienne Maison de la Culture, un vaste bâtiment de 1200 m² qui abritait autrefois un théâtre, et même un musée ethnographique, était dépeuplée depuis l’indépendance du pays jusqu’à cette exposition. Pour l’occasion, l’ancienne salle de cinéma a été transformée en lieu d’exposition par les jeunes du village, où ils ont présenté les céramiques qu’ils ont eux-mêmes réalisées, sous la supervision du maître Vachik Galstyan. Spécialiste des céramiques, ce dernier s’est installé à Hartashen, où depuis plusieurs mois, il a transmis à ces jeunes, les bases de cet art dans la tradition des potiers arméniens de Kütahya dans l’Empire Ottoman, et d’un savoir-faire plus local à partir de la terre de la région. En plus des céramiques, des peintures et réalisations graphiques de jeunes artistes d’Hartashen et de Goris étaient accrochées aux murs.
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De nombreuses personnes étaient présentes à commencer par les habitants du village émus de voir Hartashen renaître dans ce lieu habituellement désert. Des représentants de la Municipalité de Goris, mais aussi des artistes de France et d’Arménie étaient présents dont Guillaume Toumanian. Il est à l’origine du projet Menk permettant à une vingtaine d’artistes arméniens ou français de s’exprimer à travers cette identité plurielle alimentée par les dialogues de cultures et temporalités. Il était accompagné de deux membres artistes de Menk, Arman Vahanyan et Tigran Sahakyan. Comme beaucoup d’artistes de ce collectif, ils ont donné des œuvres pour la vente aux enchères au profit de ce projet qui a eu lieu le 17 novembre 2022 à Lyon. Ainsi, ils sont venus à Hartashen avec la conviction de pouvoir être utiles ici, au cœur d’une Arménie plus menacée que jamais, à deux pas de frontières qui ne sont plus des remparts.
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À l’origine de ce projet, la Fondation Family Care et l’association Muscari, font revivre depuis 2014 la ville de Gumri, meurtrie par le séisme de 1988, grâce au développement de l’art ancestral des céramiques de Kütahya.
Avec le soutien de la Région Auvergne Rhône-Alpes, de la Métropole de Lyon, de la Fondation Bullukian et de la société Fineco, plusieurs missions de professionnalisation ont été réalisées avec le concours des experts-céramistes français, qui ont permis le développement et la montée en compétences de l’atelier de céramiques de Gumri. Ainsi, et comme le souligne l’artiste Guillaume Toumanian, l’idée est de réaliser ce même transfert de savoir-faire à Hartashen en créant une école de céramique et un centre de formation dans l’ancienne Maison de la Culture. Il s’agit sur le moyen-terme de « développer un partenariat artistique et de développer l’art contemporain en amenant des moyens et surtout des compétences » pour contribuer à faire vivre ce village au sort incertain.
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Le jour du vernissage était un réel succès artistique autant qu’un véritable acte de résistance face à un destin bousculé par la guerre. Comme le souligne cette jeune femme venue en famille : « Nous, les femmes du Syunik, nous sommes fortes, nous nous battrons s’il le faut avec des bâtons, mais nous n’abandonnerons pas nos villages. Aimer l’Arménie de loin, c’est très bien mais l’aimer d’ici, de l’intérieur, où nous sommes, c’est encore plus fort, nous lutterons et gagnerons ».
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Pour tous, ce projet a un sens bien particulier : créer du travail, une activité riche de productions concrètes, c’est avant tout ne pas abandonner la terre et le village. Lusine Ghazaryan, directrice de la Fondation Family Care, le rappelle : « Depuis plusieurs années déjà, lorsque les jeunes quittaient le village, nous pensions qu’il fallait faire quelque chose pour les retenir. Après la guerre de 2020, le village est devenu d’un jour à l’autre un village de la frontière… nous sommes déterminés à le défendre et nous n’avons pas peur ».
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Carmen Haroutounyan, institutrice, se souvient de ce bâtiment trente ans plus tôt : devenu vétuste, abandonné aujourd’hui, il animait malgré tout le village et les environs. Alors pour elle, le voir renaître ainsi est un pas décisif : « Ces derniers jours, j’ai vu les enfants du village venir tous les jours, nettoyer et déblayer les tas de décombres amassés depuis toutes ces années. Aujourd’hui, je reprends espoir, j’imagine qu’il faudra beaucoup d’argent pour rénover le bâtiment, mais même si ce n’est qu’une petite partie de celui-ci et que cela prend des années, je sais et nous savons tous que sans la culture, il n’y a pas d’avenir ».
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Pour Antonio Montalto, Président de la Fondation Family Care, et Manoug Pamokdjian, Président de l’association Muscari, le projet dans ce village devenu une si belle réalité est la poursuite de leur engagement à tous les deux. Antonio Montalto précise : « Je me souviens qu’à Gumri aussi, lorsque nous avons commencé, il y a 20 ans déjà, cela paraissait énorme, mais nous y sommes arrivés. Des difficultés, il y en aura, mais nous les résoudrons avec le soutien des autorités locales et des villageois ».
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Il poursuit : « Nous voulons que ces lieux rayonnent de nouveau, pas seulement pour ce village, mais aussi pour les villages voisins. Que les gens soient sûrs qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils font partis de ce monde. Je ferai tout pour que ce centre permette de créer des emplois, améliorer la qualité de vie, soit un lieu de rencontre d’artistes ».
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Avec pour objectif ultime une paix réelle, des frontières non plus menacées mais protectrices, et des villages qui renaissent au lieu de se dépeupler.
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Manoug Pamokdjian souligne : « Muscari accompagne Family Care comme nous l’avons fait pour Gumri. La vente aux enchères du 17 novembre à Lyon permettra de financer les travaux de réhabilitation du bâtiment, l’achat de l’équipement nécessaire, ainsi que la formation. »
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Hartashen deviendra ainsi non plus un village menacé mais un village carrefour, au cœur des montagnes du Syunik, abritant désormais des projets d’art qui se concrétisent.
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Aimer l’Arménie, c’est plus que jamais s’associer à ces actes volontaires et réussis, porteurs de développement, dans des villages et des espaces arméniens menacés, pour les renforcer et faire cesser menaces et isolement.
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Pour soutenir le projet, vous pouvez prendre contact avec l’association Muscari : HYPERLINK « mailto:contact@muscari.fr » contact@muscari.fr
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La rédaction
Author: La rédaction

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