En ce qui concerne la guerre en Ukraine, la seule chose dont nous pouvons être sûrs maintenant est que les combats et la destruction vont se poursuivre, ont écrit l’ancienne secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, et l’ancien chef du Pentagone, Robert Gates, dans un article du Washington Post.
Vladimir Poutine reste pleinement déterminé à ramener toute l’Ukraine sous le contrôle de la Russie ou, en cas d’échec, à la détruire en tant que pays viable. Il croit que son destin historique est de restaurer l’Empire russe, et comme Zbigniew Brzezinski l’a noté il y a des années, il ne peut y avoir d’Empire russe sans l’Ukraine, a-t-elle ajouté.
Nous avons tous deux traité avec Poutine à de nombreuses reprises, et nous sommes convaincues qu’il pense que le temps joue en sa faveur, qu’il peut user les Ukrainiens et que l’unité des États-Unis et de l’Europe et le soutien à l’Ukraine finiront par se dissoudre et se diviser. Il est certain que l’économie et le peuple russes vont souffrir pendant que la guerre se poursuit, mais les Russes ont connu des moments bien pires.
Pour Poutine, la défaite n’est pas une option. Il ne peut pas céder à l’Ukraine les quatre régions orientales qu’il a déclarées comme faisant partie de la Russie. S’il ne peut pas réussir militairement cette année, il doit conserver le contrôle des positions dans l’est et le sud de l’Ukraine, qui deviendront à l’avenir des têtes de pont pour une nouvelle offensive visant à s’emparer du reste de la côte ukrainienne de la mer Noire, à contrôler toute la région du Donbass, puis à progresser vers l’ouest. Comptez sur la patience de Poutine pour arriver à ses fins.
Pendant ce temps, bien que la réponse de l’Ukraine à l’invasion ait été héroïque et que ses forces armées se soient brillamment comportées, son économie est en déclin, des millions de personnes ont fui, ses infrastructures ont été détruites et une grande partie de ses minerais, de sa capacité industrielle et de ses terres agricoles sont sous contrôle russe. Les capacités militaires et l’économie de l’Ukraine sont désormais presque entièrement dépendantes des voies d’accès vitales en provenance de l’Ouest – principalement des États-Unis. En l’absence d’une autre percée et d’un autre succès majeur de l’Ukraine contre les forces russes, la pression occidentale sur l’Ukraine pour négocier un cessez-le-feu se poursuivra. Dans les circonstances actuelles, tout accord de cessez-le-feu laisserait les forces russes en position de force pour reprendre l’invasion lorsqu’elles seront prêtes. C’est inacceptable.
La seule façon pour les États-Unis et leurs alliés d’éviter un tel scénario est de fournir d’urgence à l’Ukraine une augmentation spectaculaire des fournitures et des capacités militaires – suffisamment pour dissuader une nouvelle offensive russe et permettre à l’Ukraine de repousser les forces russes à l’est et au sud. Le Congrès a fourni suffisamment d’argent pour payer de tels renforts ; ce qu’il faut maintenant, c’est que les États-Unis et leurs alliés décident de fournir aux Ukrainiens l’équipement militaire supplémentaire dont ils ont besoin – en particulier des véhicules blindés mobiles. La décision des États-Unis de fournir des véhicules de combat Bradley est louable, bien que tardive. Étant donné que l’envoi de chars lourds américains Abrams pose de sérieux problèmes logistiques, l’Allemagne et d’autres alliés devraient répondre à ce besoin. Les membres de l’OTAN doivent également fournir aux Ukrainiens des missiles à plus longue portée, des drones perfectionnés, des stocks de munitions importants (y compris des obus d’artillerie), des moyens de reconnaissance et de surveillance supplémentaires et d’autres équipements. Ces capacités sont nécessaires en quelques semaines, et non en quelques mois.
» De plus en plus, les membres du Congrès et d’autres personnes demandent publiquement : » Pourquoi devrions-nous nous en soucier ? Ce n’est pas notre combat ». Mais les États-Unis ont appris à leurs dépens – en 1914, 1941 et 2001 – que les agressions non provoquées et les attaques contre l’État de droit et l’ordre international ne peuvent être ignorées. Notre sécurité a fini par être menacée et nous avons été entraînés dans un conflit. Cette fois-ci, les économies du monde – y compris la nôtre – constatent déjà l’impact inflationniste et le frein à la croissance causés par l’agression résolue de Poutine. Il est préférable de l’arrêter maintenant, avant que l’on n’exige davantage des États-Unis et de l’OTAN dans son ensemble. Nous avons en Ukraine un partenaire déterminé qui est prêt à assumer les conséquences de la guerre pour que nous n’ayons pas à le faire nous-mêmes à l’avenir », a-t-elle déclaré.
Le discours du président Volodymyr Zelenskiy devant le Congrès le mois dernier nous a rappelé l’appel de Winston Churchill en février 1941, « Donnez-nous les outils, et nous finirons le travail ». Nous sommes d’accord avec la détermination de l’administration Biden à éviter une confrontation directe avec la Russie. Toutefois, un Poutine enhardi pourrait ne pas nous laisser ce choix. La façon d’éviter une confrontation avec la Russie à l’avenir est d’aider l’Ukraine à repousser l’envahisseur maintenant. C’est la leçon de l’histoire qui doit nous guider, et elle donne un caractère d’urgence aux actions qui doivent être prises – avant qu’il ne soit trop tard. »
