Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a exprimé l’espoir mercredi 18 janvier que les Etats-Unis approuveraient la vente d’avions de combat F-16 à la Turquie, un dossier sensible qui suscite l’opposition d’élus américains au moment où Ankara bloque l’élargissement de l’Otan à la Suède et à la Finlande. « Bien entendu, nous allons aussi aborder des sujets liés à notre coopération bilatérale en matière de défense et tout particulièrement notre demande de F-16 », a-t-il dit en s’adressant à son homologue américain Antony Blinken, qui le recevait au siège du département d’Etat. « Comme nous l’avons déjà dit, ce n’est pas seulement pour la Turquie, mais c’est aussi important pour l’Otan et les Etats-Unis. Nous nous attendons donc qu’elle soit approuvée en lien avec nos intérêts stratégiques conjoints », a-t-il affirmé.
La Turquie souhaite acquérir 40 avions de combat F-16 ainsi que les pièces détachées nécessaires à la maintenance et à la modernisation des F-16 qu’elle possède déjà. Le président américain Joe Biden a affirmé qu’il soutenait cette livraison de F-16 à la Turquie, lors d’une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, en marge du sommet de l’Otan à Madrid en juin.
La livraison d’avions de combat F-16 à la Turquie — et parallèlement d’avions furtifs F-35 à la Grèce – est un sujet délicat pour le gouvernement américain qui y est favorable, mais qui fait l’objet de l’opposition d’élus américains, dont le puissant chef de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate Bob Menendez. Dans un discours fin décembre, ce dernier avait dit qu’il s’opposerait à cette vente, fustigeant notamment le bilan de la Turquie en matière de droits de l’homme et sa « campagne d’agression à travers toute la région », en faisant référence à la Syrie. Le Congrès américain doit être notifié de toute vente d’armements à l’étranger et donner son accord.
En 2019, Washington a exclu la Turquie de son programme d’avions furtifs F-35, en représailles à la décision d’Ankara d’acheter aux Russes leur système anti-missile S-400. Les sujets de contentieux entre Washington et Ankara sont multiples, mais
les Etats-Unis reconnaissent à leur allié turc « un rôle constructif » s’agissant de la guerre en Ukraine, a indiqué le chef de la diplomatie américaine.
La Turquie bloque depuis mai l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan, l’accusant d’héberger sur son territoire des membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’organisations alliées à celui-ci, qu’elle considère comme étant terroristes. Malgré un mémorandum d’accord signé fin juin, Ankara juge ses demandes
toujours insatisfaites, notamment pour des extraditions de citoyens turcs que la Turquie veut poursuivre pour « terrorisme ». Interrogé à ce sujet mercredi, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a souligné que les Etats-Unis continuaient à soutenir la livraison de F-16 tout en reconnaissant les préoccupations du Congrès citant par exemple les tentatives de rapprochement entre Ankara et Damas. « Nous restons très préoccupés par le harcèlement judiciaire continu en Turquie de membres de la société civile, des médias et de dirigeants politiques et d’entrepreneurs », a-t-il encore dit.
AFP