Stepanakert garde le silence sur une éventuelle visite à Moscou de responsables du Haut Karabagh

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Deux hauts responsables arméniens du Haut Karabagh se sont abstenus de commenter les informations selon lesquelles ils auraient dans le plus grand secret effectué une visite à Moscou afin de discuter avec des responsables russes des perspectives d’une levée du blocus imposé au territoire arménien depuis le 12 décembre par des manifestants azéris qui bloquent le corridor de Latchine. “Nous ne commentons pas de telles informations de la presse”, a fait savoir sèchement jeudi 9 février Lusine Avanesian, la porte-parole du président du Karabagh Arayik Harutiunian. Le service de presse de Ruben Vardanyan, le premier ministre du Karabagh, s’est muré lui aussi dans le silence à ce propos. Tigrane Petrosian, un représentants de l’opposition du Karabagh, avait affirmé que Harutiunian était rentré au début du mois de Moscou où Vardanyan, qui était citoyen russe avant d’accéder aux plus hautes fonctions à Stepanakert, se trouverait toujours selon lui. La Russie, qui a déployé depuis plus de deux ans un contingent de soldats de la paix au Karabagh, a appelé à plusieurs reprises en vain les autorités de l’Azerbaïdjan de demander aux manifestants azéris, qu’elles soutiennent, de débloquer l’unique route reliant le Karabagh à l’Arménie et au reste du monde, appel lancé également par les Etats-Unis et l’Union européenne. Bakou est resté sourd à ces appels, et les manifestants qui se proclament écologistes continuent à narguer les soldats de la paix russes, prenant en otage depuis bientôt deux mois les 120 000 Arméniens du Karabagh. Vardanyan, 54 ans, est un Arménien qui a fait fortune dans la finance en Russie dans les années 1990 et 2000. Il a été nommé ministre d’Etat du Karabagh en novembre, deux mois après avoir renoncé à la citoyenneté russe. Le gouvernement de l’Azerbaïdjan a condamné fermement la nomination de Vardanyan, estimant que l’ancien homme d’affaires, devenu milliardaire dans le secteur bancaire d’investissement, avait été envoyé au Karabagh par la Russie, ce que les responsables russes démentent catégoriquement. Les supposées visites des leaders du Karabagh à Moscou interviennent sur fond d’informations faisant état de désaccords entre eux sur la façon de faire face à ce blocus. Selon Petrosian, Harutiunian aurait demandé aux Russes de l’aider à se défaire de Vardanyan, dont on croit savoir que le premier ministre d’Arménie, Nikol Pachinian, ne veut pas non plus à Stepanakert. Un haut responsable du parti du président du Karabagh a démenti de telles allégations. “Le président et Ruben Vardanyan peuvent avoir des approches différentes concernant certaines tactiques mais il n’existe pas de désaccord tel entre eux qui puisse donner lieu à quelque scission ou conflit”, a indiqué Aram Harutiunian, interrogé par le Service arménien de RFE/RL. Pourtant, selon différentes sources, Arayik Harutiunian aurait cherché le mois dernier à mettre Vardanyan sur la touche et à convoquer dans la foulée des élections présidentielles et législatives anticipées. Vardanyan avait d’ailleurs annoncé publiquement qu’il ne démissionnerait pas. Les leaders de l’opposition à Stepanakert avaient estimé à l’époque que Nikol Pachinian faisait pression sur Harutiunian pour qu’il limoge et remplace le numéro deux de l’exécutif au Karabagh. De même, des responsables de l’opposition en Arménie ont accusé Pachinian de chercher à se débarrasser de Vardanyan en vue de s’engager sur la voie de concessions majeures à l’Azerbaïdjan. Le gouvernement arménien n’a pas commenté ces nouveaux développements politiques au Karabagh. Mais certains alliés et partisans de Pachinian ont critiqué Vardanyan, laissant entendre que son départ contribuerait en très grande part à la levée du blocus. Vardanyan a affiché une position de fermeté depuis le début du blocus, défiant les autorités de Bakou et affirmant que les Arméniens du Karabagh continueront à résister aux efforts de Bakou en vue de reprendre le contrôle du territoire arménien. Si des désaccords existent bien à la tête de l’exécutif du Karabagh, ils ne semblent pas porter, du mis pour l’instant, sur la présence des soldats de la paix russes, qui fait toujours l’unanimité à Stepanakert, où on l’estime indispensable à la sécurité du territoire, alors qu’elle est de plus en plus ouvertement critiquée par les autorités d’Erevan. Des critiques qui mettent à mal des relations déjà fortement ébranlées entre la Russie et son allié arménien, qui a durci le ton depuis le blocus du Karabagh, en accusant les soldats de la paix russes de ne pas en faire assez pour en obtenir la levée. Un haut responsable du ministère russe des affaires étrangères a rejeté mercredi les propositions de Nikol Pachinian, qui suggère que les soldats de la paix se voient accorder un mandat de l’Onu ou soient remplacés par une mission multinationale approuvée par l’Onu, dans le droit fil de la nouvelle diplomatie arménienne, qui a préféré en appeler à l’Union européenne pour une nouvelle mission d’observation le long de sa frontière avec l’Azerbaïdjan plutôt qu’à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par la Russie dont l’Arménie est pourtant membre. “Le contingent de forces de paix russe reste le seul garant du maintien de la stabilité dans la zone du conflit du Haut-Karabagh”, a déclaré le diplomate russe, Pyotr Ilyichev, cité par l’agence de presse officielle Russia Today, en ajoutant : “Il n’y a aucune nécessité de lui accorder un mandat de l’Onu dans la mesure où les termes des action de nos soldats de la paix ont été déjà clairement définis dans la première déclaration tripartite des leaders de Russie, d’Azerbaïdjan et d’Arménie en date du 9 novembre 2020 ”. L’accord de 2020, qui a mis un terme à six semaines de guerre sanglante au Karabagh entre Arméniens et Azerbaïdjanais, place l’unique route désormais reliant le Karabagh à l’Arménie sous le contrôle des soldats de la paix russes et oblige l’Azerbaïdjan à garantir la libre circulation sur cet axe. Le gouvernement arménien fait valoir que le blocus de l’Azerbaïdjan est une violation manifeste de cet accord. Pashinian a régulièrement accusé les soldats de la paix de ne pas déployer suffisamment d’efforts pour débloquer le corridor, voire de fermer les yeux sur le processus mis en œuvre par Bakou, selon Erevan, en vue de “dépeupler” le Karabagh.“Si la Fédération de Russie est incapable d’assurer la stabilité et la sécurité dans le Haut-Karabagh pour des raisons objectives ou subjectives, je pense qu’il faudrait en débattre au Conseil de sécurité de l’Onu et soulever la question d’accorder un mandat du Conseil de sécurité de l’Onu à la force de paix russe ou de l’envoi d’une force additionnelle, multinationale, au Haut-Karabagh”, avait déclaré Pachinian fin décembre. Le ministère russe des affaires étrangères avait balayé ces critiques, faisant valoir que les soldats de la paix “font tout pour améliorer la situation que le terrain ”. Ilyichev, de la même manière, a insisté sur le fait qu’ « ils remplissent effectivement toutes les missions en vue de restaurer la paix et la sécurité au Haut-Karabagh ”. Il a aussi indiqué que l’idée d’un déploiement d’une force de paix multinationale de l’Onu au Karabagh est “très peu réaliste ”. “Comme on l’a souvent constaté, les missions de la paix déployées sous la bannière du Conseil de sécurité de l’Onu ne bénéficient pas toujours de la confiance des pays hôtes”, a ajouté le haut diplomate russe. Pachinian avait une nouvelle fois appelé Moscou à aider à débloquer le corridor de Latchine lorsqu’il s’était entretenu au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine la semaine dernière. Le blocus provoque de graves pénuries de denrées alimentaires et autres biens de première nécessité au Karabagh, dont l’alimentation en gaz livré par l’Arménie a été par ailleurs à plusieurs reprises interrompue par Bakou, menaçant la région d’une grave crise humanitaire.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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