La Russie a décidé vendredi d’interdire les importations de produits laitiers en provenance d’Arménie, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays alliés.
L’organisme de surveillance de l’agriculture Rosselkhoznadzor du gouvernement russe a d’abord mis en garde contre une telle mesure mardi, affirmant que les entreprises laitières arméniennes utilisaient du lait iranien et d’autres matières premières interdites en Russie. Il a ajouté que la Russie risquait d’importer des « produits de qualité médiocre et peu sûrs », notamment en raison de l’absence de « contrôle approprié » des activités de ces entreprises par les autorités arméniennes compétentes.
Rosselkhoznadzor a indiqué vendredi que ses négociations avec l’inspection arménienne de la sécurité alimentaire n’avaient pas abouti à des résultats satisfaisants. Il a donc demandé au service vétérinaire de l’État arménien de suspendre, à compter du 5 avril, les certifications de sécurité obligatoires pour tous les produits laitiers exportés vers la Russie.
Le gouvernement arménien n’a pas immédiatement commenté cette décision.
Une porte-parole de l’Inspection de la sécurité alimentaire a insisté mercredi sur le fait que les matières premières iraniennes étaient propres à la consommation. Elle a également déclaré à l’émission Armenian de RFE/RL que l’inspection de Rosselkhoznadzor menée la semaine dernière dans certaines entreprises laitières arméniennes n’avait détecté « aucun problème menaçant la vie et la santé des gens ».
L’organisme de surveillance russe a émis son premier avertissement quatre jours après que la Cour constitutionnelle arménienne a donné son feu vert à la ratification parlementaire du traité fondateur de la Cour pénale internationale. Cette décision intervient une semaine après que la CPI a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre du président russe Vladimir Poutine pour des crimes de guerre qui auraient été commis par la Russie en Ukraine.
Moscou a prévenu lundi que la reconnaissance de la compétence du tribunal de La Haye aurait des conséquences « extrêmement négatives » sur les relations russo-arméniennes.
Le gouvernement arménien n’a toujours pas réagi publiquement à cette sévère mise en garde. Néanmoins, deux députés pro-gouvernementaux ont déclaré en début de semaine qu’Erevan ne devrait pas craindre de s’engager à arrêter Poutine s’il se rend dans le pays du Caucase du Sud.
Les relations russo-arméniennes se sont détériorées dernièrement en raison de ce que l’administration du premier ministre Nikol Pachinian considère comme un manque de soutien de la Russie à l’Arménie dans le conflit qui l’oppose à l’Azerbaïdjan.
Les produits laitiers ne représentent qu’une petite partie des exportations arméniennes vers la Russie. Le marché russe est bien plus important pour les exportateurs arméniens de fruits et légumes frais, de produits alimentaires transformés et de boissons alcoolisées.
Les exportations arméniennes vers la Russie ont presque triplé pour atteindre 2,4 milliards de dollars l’année dernière, à la suite des sanctions économiques occidentales contre Moscou. La montée en flèche des échanges commerciaux avec la Russie et les autres flux de trésorerie provenant de ce pays sont la principale raison pour laquelle l’économie arménienne a connu une croissance de 12,6 % l’année dernière.
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