Un communiqué posté sur le site du Bureau des Musulmans du Caucase en date du 30 mars informe que le même jour, « le Président du Bureau des Musulmans du Caucase, le Cheikh- Ul- Islam Allahchukur Pachazade, a rencontré Ahmed Kadyrov, le fils de Ramzan Kadyrov, chef de la République tchétchène de la Fédération de Russie». Le communiqué précise un peu plus loin « En ce mois sacré du Ramadan, l’invité qui a présenté les salutations de son père au Président du BMC a offert au Cheikh-Ul-Islam, un saint Coran très ornementé. Saluant l’invité, le Cheikh-Ul- Islam Pashazadeh a évoqué ses souvenirs d’Ahmad Kadyrov qui a été le chef du peuple tchétchène. Il a sincèrement félicité son petit-fils qui porte son nom à l’occasion de son récent mariage, lui exprimant ses meilleurs vœux et lui offrant un souvenir ».
Il est naturellement difficilement concevable que le plus haut dignitaire religieux d’Azerbaïdjan ait pu recevoir un aussi éminent représentant de la Fédération de Russie sans la bénédiction du ministère des cultes d’Ilham Aliev. Cette rencontre est d’autant plus surprenante que Ramzan Kadyrov, le père d’Ahmed, est connu pour sa haine farouche de l’Ukraine et des Ukrainiens, alors que Bakou est officiellement allié de Kiev et du front des pays occidentaux. Sans doute un autre « partenaire fiable » pour Ursula Von Leyen et ses collègues.
La visite d’Ahmed Kadirov aurait pu être de nature privée et purement spirituelle puisque le hiérarque azéri est également le chef spirituel de l’ensemble des Musulmans du Caucase, indépendamment de leur origine ethnique et de leur confession. Mais il est bien connu que le Cheikh-Ul-Islam et l’institution qu’il préside sont fermement contrôlés par le gouvernement azerbaïdjanais. Une différence de plus entre cet état autocratique et son voisin arménien.
Cependant, on ne peut être que surpris en apprenant que « l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en Azerbaïdjan, Mikhail Bocharnikov, le Chancelier du diocèse de l’Église orthodoxe russe d’Azerbaïdjan, l’archimandrite Alexis ont pris part à la rencontre ». Une nouvelle fois, l’Église russe aux ordres de Poutine et d’Aliev participe à Moscou comme à Bakou au « soft power » de ces deux états officiellement antagonistes.
A Bakou comme à Moscou, le cimeterre croise toujours le goupillon, et la Religion n’est qu’une arme de plus au service de la politique belliciste et expansionniste des deux capitales.
Sahak Sukiasyan
