Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est engagé à ce que Washington continue de soutenir les efforts de paix de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan lors de ses entretiens téléphoniques avec les dirigeants des deux pays au cours de ce week-end.
Ces entretiens téléphoniques ont eu lieu alors qu’Erevan et Bakou ont annoncé que leurs ministres des Affaires étrangères se rendraient à Washington pour un nouveau cycle de négociations cette semaine.
Le compte rendu de l’appel téléphonique de M. Blinken avec le Premier ministre Nikol Pachinian, publié par le porte-parole du département d’État, le 29 avril, indique que le secrétaire d’État américain s’est entretenu avec le dirigeant arménien « pour souligner l’importance des discussions de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et s’est engagé à ce que les États-Unis continuent de les soutenir ».
« Le secrétaire Blinken a réitéré que le dialogue direct et la diplomatie sont la seule voie vers une paix durable dans le Caucase du Sud. Il a exprimé son appréciation pour l’engagement continu du Premier ministre dans le processus de paix », ajoute le communiqué.
Le lendemain, M. Blinken a réitéré le message de l’importance des discussions de paix et du soutien continu des États-Unis lors de son appel téléphonique avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, au cours duquel il a également « partagé sa conviction que la paix était possible ».
Les appels téléphoniques ont eu lieu dans un contexte de tensions accrues entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan après que Bakou a mis en place, le 23 avril, un point de contrôle à l’entrée du corridor de Latchine, la seule route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie.
Le barrage routier de l’Azerbaïdjan a renforcé ce qui était déjà un blocus efficace de la région par les militaires azerbaïdjanais depuis décembre.
L’Arménie a qualifié cette mesure d' »illégale » et d' »inacceptable », soulignant qu’elle contredisait l’accord de cessez-le-feu conclu en 2020 sous l’égide de Moscou, qui confiait aux seuls casques bleus russes la responsabilité d’assurer la sécurité du Haut-Karabagh et de garantir la libre circulation de ses habitants le long du corridor de cinq kilomètres de large. Erevan a également exclu toute nouvelle négociation concernant le corridor de Latchine qui, selon elle, doit être débloqué par Bakou.
Selon un porte-parole à Washington, lors de son appel téléphonique du 30 avril avec Aliev, M. Blinken a également « exprimé la profonde inquiétude des États-Unis quant au fait que l’établissement par l’Azerbaïdjan d’un point de contrôle sur le corridor de Latchine sape les efforts visant à établir la confiance dans le processus de paix, et a souligné l’importance de la réouverture du corridor de Latchine aux véhicules commerciaux et privés dès que possible ».
Selon son service de presse, M. Pachinian a également soulevé la question du corridor de Latchine lors de son appel téléphonique avec M. Blinken. Il aurait notamment souligné que « les mesures prises par la partie azerbaïdjanaise dans ce corridor visent à mettre en œuvre de manière cohérente sa politique de nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh et l’expulsion complète des Arméniens du Haut-Karabakh ».
Le Premier ministre arménien a également « souligné l’importance d’une réponse adéquate de la communauté internationale aux actions de l’Azerbaïdjan, qui compromettent la sécurité régionale, et de prendre des mesures actives en vue de l’application inconditionnelle de l’arrêt de la Cour internationale de justice ».
La Cour, basée à La Haye, a statué le 22 février que le gouvernement azerbaïdjanais devait « prendre toutes les mesures à sa disposition pour assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises dans les deux sens le long du corridor de Latchine ».
Bakou nie avoir bloqué le Haut-Karabakh et s’engage à assurer, en coopération avec les forces de maintien de la paix russes déployées dans la région, toutes les « conditions nécessaires » pour « un passage transparent et ordonné des résidents arméniens vivant dans la région azerbaïdjanaise du Karabakh » dans les deux directions.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont engagés dans un conflit au sujet du Haut-Karabakh depuis des décennies. Quelque 30 000 personnes ont été tuées lors d’une guerre au début des années 1990 qui a laissé les Arméniens contrôler la région majoritairement peuplée d’Arméniens et sept districts adjacents de l’Azerbaïdjan proprement dit.
Des décennies de pourparlers sous médiation internationale n’ont pas abouti à une solution diplomatique et le conflit qui couvait a conduit à une nouvelle guerre en 2020, au cours de laquelle près de 7 000 soldats ont été tués de part et d’autre.
La guerre de six semaines au cours de laquelle l’Azerbaïdjan a repris toutes les zones contrôlées par l’Arménie à l’extérieur du Haut-Karabakh, ainsi que des morceaux de territoire à l’intérieur de l’oblast autonome de l’ère soviétique s’est terminée par un cessez-le-feu négocié par la Russie, dans le cadre duquel Moscou a déployé environ 2 000 soldats dans la région pour servir de gardiens de la paix.
Les tensions le long de la frontière arméno-azerbaïdjanaise et autour du Haut-Karabakh, qui ont donné lieu à des combats sporadiques et à des pertes de vies humaines, ont persisté malgré le cessez-le-feu. Au moins trois soldats azerbaïdjanais et quatre soldats arméniens ont été tués lors du dernier accrochage frontalier, le 11 avril.
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